Annus trumpabilis – Janvier et Février 2020

Au plan boursier, l’année 2019 débuta dans un climat aussi exécrable que la fin de la précédente. Des actions de qualité étaient en chute libre et ce n’est guère qu’après l’intervention publique du Président de la Federal Reserve,

à la fois positive et aussi alambiquée que celles de M. Greenspan en son temps, que les cotes s’apaisèrent et se ressaisirent. M.Trump, obnubilé par son mur avec le Mexique et son absence de financement par le Congrès, proclama le « shut down », indolore à ses débuts mais de plus en plus pénible à supporter au fil des semaines pour des fonctionnaires non payés. Toujours fâché et boudeur, le président américain annula sa participation au forum de Davos en demandant à ses principaux ministres de ne pas s’y rendre. Côté Grande-Bretagne, l’imbroglio du Brexit paralysa les initiatives et fit craindre le pire des scénarii. Le reste de l’année se poursuivit au gré de mouvements fébriles des principaux marchés avec cependant une tendance fondamentale à la hausse, l’une des meilleures de la décennie. Ces incohérences sont dues essentiellement aux luttes géopolitiques, en particulier au différend entre la Chine et les Etats-Unis matérialisé par des taxes douanières plus élevées, quoique souvent annulées subséquemment du côté américain. Ce flou et cette nervosité à grande échelle ont quand même conduit à un ralentissement du commerce mondial et un tassement de la conjoncture. Le sempiternel va-et-vient du Brexit a aussi contribué à l’incertitude, sanctionnée par les surprenantes élections de décembre. En dépit de ces nombreux soubresauts erratiques, les marchés boursiers ont enregistré des progressions souvent à deux chiffres, y compris en Suisse, traditionnellement plus sereine. A propos de notre marché, une remarque : le rendement moyen de nos principaux titres est de l’ordre de 3%, ce qui représente un coussin de sécurité pour le SMI aussi longtemps que les taux d’intérêts restent peu ou prou aux niveaux actuels. Toujours dans les chiffres, les meilleures performances boursières ont été celles de la Russie (+45%), de la Grèce avec une performance similaire, mais exprimée en euros, pas en roubles anémiques, suivie du Nasdaq américain (+35%) tandis que la lanterne – relativement — rouge était attribuée à Hong-Kong et la Corée en progression d’environ 9%. Sur un plan général, la reprise des bourses a été largement favorisée par la politique des banques centrales qui ont opéré un revirement spectaculaire en 2019. La Réserve Fédérale qui avait augmenté ses taux de 0% à 2.3% entre 2015 et 2018, a subitement fait marche arrière avec trois baisses de taux dans l’année tout en faisant repartir son bilan à la hausse par des achats de titres afin de stabiliser le marché des prêts à court terme. La Banque européenne a emboîté le pas en baissant le taux de dépôt de base à -0.5% de façon à inciter les banques à utiliser leurs liquidités pour prêter aux ménages et aux entreprises plutôt que de les laisser inactives. Une « japonisation » du système est redoutée par-dessus tout, car elle conduit à une déflation dont il est extrêmement difficile de s’extirper sans graves troubles sociaux. Accordons une mention à l’or qui s’est redressé étrangement bien avant les nouveaux troubles du Moyen-Orient. Bien des questions vont se poser en 2020 qui comportera nombre d’échéances : la sortie du Royaume-Uni de l’UE à fin janvier, la Convention démocrate en juillet aux Etats-Unis et l’élection américaine le 3 novembre. Dans l’état actuel des choses, il n’est pas exclu que le président en fonction poursuive son mandat en raison de la pauvreté du panel démocrate, de la médiocrité intellectuelle d’une grande partie de l’électorat et de la désuétude d’un système électoral datant de l’époque des pionniers. On se hasarde même à pronostiquer le différentiel de voix en défaveur du candidat républicain (plus de 6 millions) tout en l’assurant de la victoire. Le constat est tel qu’il est ; on ne peut rien y faire, surtout de l’extérieur, sauf à continuer de s’habituer à des turbulences mondiales pérennes, dues à la mise en pièces systématique d’un ordre international patiemment édifié au fil des décennies.