L’addition svp ! (2) – Décembre 2017

Depuis plusieurs années, il est devenu virtuellement impossible d’obtenir d’une banque une liste de valeurs recommandées. Après avoir lourdement insisté, on finit par obtenir une réponse,

il s’agit la plupart du temps de la liste de cinq ou six fonds dont la moitié ne datent souvent que de quelques mois, donc sans le recul historique permettant de dégager une tendance confirmée. En insistant, il est possible de recevoir finalement plusieurs feuillets, énumérant les « most » respectivement les « least » preferred, le tout représentant des dizaines et des dizaines de valeurs, c’est-à-dire rien !

Dans le cadre de la politique de notre société en revanche, nous nous sommes toujours efforcés de limiter le nombre des actions que nous suivons à 25 ou 30 au maximum, sous peine d’une dilution qui rend toute stratégie, et partant, toute performance, aléatoire.

L’expérience nous a permis de conclure que trois secteurs méritaient une place prépondérante dans les portefeuilles gérés :

• L’alimentation en général.
• Les valeurs chimiques et pharmaceutiques.
• Et enfin le luxe.

L’explication est simple : l’alimentation va de soi en tant que besoin basique, avec cependant des modes variables : la margarine des années 80 par exemple est presqu’honnie et remplacée par le bon vieux beurre aux multiples qualités retrouvées, alors que le vin rouge, à consommer avec modération comme on dit, s’est mué en panacée pour de multiples affections, en compagnie du chocolat le plus noir possible.

La pharmacie, accessoirement la chimie, se justifie d’une part par le vieillissement de la population et d’autre part par un souci croissant de vouloir « se maintenir en forme » et de ne pas laisser se développer des maladies dégénératives, à grand renfort de vitamines calibrées et de substances variées et raffinées, souvent d’origine orientale et dont l’usage s’était longtemps cantonné à la gastronomie.

Quant au luxe, sa recherche est dans la nature des choses et des gens : Le soin de se différencier ou la manifestation d’un certain snobisme et le désir de témoigner d’une réussite sociale. Il est d’ailleurs intéressant d’observer que ce dernier aspect concerne non seulement les individus, mais aussi des nations entières. Il suffit d’observer les meutes d’Asiatiques qui se ruent chez Rolex, Hermès, Vuitton ou Moncler pour s’en convaincre. Le goût de l’exclusivité peut même revêtir des aspects inattendus : les « Limited editions » en matière de téléphones portables ou de sanitaire.

Le palmarès des valeurs suivies par notre société en 2017 est le suivant :

• Alimentation : NESTLE, PERNOD RICARD, UNILEVER, DIAGEO
• Chimie-pharmaceutiques : GIVAUDAN, EMS CHEMIE, NOVO NORDISK, INDIVIOR
• Luxe : RICHEMONT, CHRISTIAN DIOR, HERMES, LOUIS VUITTON.

En chiffres absolus, dans notre sélection, avec une progression de plus de 50%, Christian Dior est la première, toutes catégories confondues.

En marge de cette chronique, compte tenu de l’exubérance démente des cours du Bitcoin, du chaos dans lequel se complait le Président américain, selon ses propres dires, de la volonté des banques de limiter les opérations en cash (signe inavoué de problèmes de bilan ?) d’alourdir inutilement les procédures d’ouverture de comptes, d’asséner des rafales de commissions, rappelons la teneur d’un article précédent, dissuadant d’investir dans les actions bancaires décevantes depuis plus de dix ans, mais d’accumuler patiemment des pièces d’or d’agio raisonnable.