Leçon à tirer d’une Vociférannée (2) – Novembre 2017

L’arrivée du clown orange a modifié le ton des échanges politiques. A une relative courtoisie de la diplomatie internationale ont succédé des bordées d’invectives, d’altercations, d’accusations publiques et de reniements spectaculaires.

L’ancien étudiant helvético-coréen a rapidement pris le relais tandis que Monsieur Recep Tayyip Erdogan prenait aussi l’habitude de prononcer des discours véhéments et brutaux.

Des leaders réactionnaires de tout poil sont aussi entrés dans la danse. On se souvient de l’agressive et pitoyable prestation de Madame Le Pen face à un Emmanuel Macron, docte et impassible.

Ce serait une erreur de penser que le Monde est à la seule merci des politiciens. Monsieur Trump avait eu la bonne idée initiale de s’entourer d’un aréopage de représentants de la grande industrie américaine. Ceux-ci comprirent rapidement à qui ils avaient affaire, et marquèrent leurs distances d’avec leur patron fulminant, contribuant à calmer ses initiatives sur le mur du Mexique, le renvoi des jeunes immigrés, la réforme de l’Obamacare ou la remise en cause des accords sur le climat. Même le remodelage de la fiscalité pose problème.

Ce qui précède démontre d’une façon imparable que l’économie pérenne peut indirectement influer sur le politique et prendre le dessus sur ce dernier. Il y a une leçon à tirer sur la façon d’édifier son patrimoine.

Les privés ont eu par trop tendance à déléguer la responsabilité de leurs placements à la soi-disant expertise des banques et de diverses officines, s’en remettant à elles pour l’édification de leur avenir financier, favorisant ainsi la création d’instruments, comme on dit, souvent opaques, voire périlleux mais très profitables pour les émettrices. Ce faisant, les intéressés ont contribué à l’appauvrissement des connaissances de leurs interlocuteurs dans le domaine financier, en transformant ces-derniers en vendeurs de produits dont ils ne connaissent ni la composition ni même la finalité.

Or, avant l’âge de 20 ans, un Warren Buffet avait déjà acquis ses premières actions, tandis qu’une modeste gouvernante de la famille Disney était devenue millionnaire grâce à des étrennes en actions de son patron plutôt que de se contenter d’un chèque de circonstance.

Les exemples sont innombrables ; on ferait bien de s’en souvenir. Auprès de deux ou trois banques, chez quelques gestionnaires indépendants, il y a encore des professionnels qui connaissent les marchés et les principales composantes.

Qu’on ne s’y trompe pas, Nestlé, AXA, Siemens ou Microsoft ont suffisamment de poids, par ce qu’elles représentent grâce à leur force économique et la compétence de leurs collaborateurs pour empêcher un gouvernement de se lancer dans des aventures téméraires. L’épargnant, même modeste à ses débuts, a un rôle à jouer, en privilégiant les investissements directs plutôt que des produits précuits, voire prédigérés. Celui qui aurait pris la décision, il y une vingtaine d’années d’acquérir des actions Schindler, des l’Oréal ou des Rubis, pour n’en citer que quelques-unes, qui les aurait conservées sans écouter les sirènes bancaires promptes à faire vendre et prélever des courtages juteux, serait à la tête d’une belle fortune, surtout s’il a eu aussi la clairvoyance de réinvestir les dividendes.

Rien ne sert de pleurnicher sur l’avenir de l’AVS ou de sa caisse de pension ; il suffit de distraire un petit pourcentage de son revenu professionnel et de s’entourer de conseils adéquats pour créer à long terme des réserves, en Suisse, un troisième pilier, et jouer ainsi, chacun à son échelle, un rôle économique, mais aussi politique.