Vous ne connaissez pas la meilleure ? – Octobre 2017

Ponctuellement, chaque gestionnaire de fortune est approché un jour ou l’autre, par un client ou un non-client qui, sous le couvert du secret, lui glisse à l’oreille un tuyau, distillé, suivant les circonstances ou le style d’interlocuteur, entre deux bouchées…

Les années 2007 et 2008, après les années 70, furent très fertiles dans ce genre de confidences où les « Wildcats », petits producteurs de pétrole à la mode lors des premiers chocs pétroliers, revinrent en surface ; de même pour les mines d’or ; des Canadiens, les « Goldbugs » ayant découvert des éclats de mica au fond de leur jardin, s’empressaient de procéder à la création de sociétés aurifères, avec l’appui de financiers cupides ou stupides, voire les deux.

Les bourses canadiennes en sont d’ailleurs un bon exemple, encombrées d’une lie de sociétés microscopiques sans valeur ou traitées pour quelques cents, au gré des manœuvres désordonnées de spéculateurs amateurs ou de rédacteurs de lettres financières. La brave Suisse, elle aussi, a connu ces folies : Les Raffineries du Rhône par exemple dont le prix d’émission avait sextuplé, sans que la société n’eût produit, ne serait-ce que trois gouttes d’essence pour un briquet.

Dès lors, la meilleure action, l’indispensable, la seule que l’on devrait ou pourrait détenir existe-t-elle ou est-ce une chimère ? En préambule, rappelons qu’il est téméraire de ne détenir qu’un seul titre, le facteur risque devenant disproportionné. Il conviendrait donc d’avoir au moins cinq valeurs assurant un minimum d’équilibre.

Essayons toutefois de dépasser le stade de cette sage réflexion afin de repérer l’heureuse élue en adoptant quatre critères : une activité indépendante d’un effet de mode éphémère, une résilience éprouvée en cas de crise boursière et un rendement correct, assorti d’un dividende en régulière augmentation. Nous nous bornerons à analyser les cas suisse et européen en laissant sciemment de côté les USA pour des raisons de risque de change et de contraintes administratives et inquisitrices de plus en plus pesantes.

Quel que soit le marché, l’exercice est malaisé, car il ne faut pas céder à la tentation de se replier sur les valeurs classiques les plus connues. En Suisse, en fonction des critères précités, la palme revient à Ems-Chemie, fabricant de polymères et de spécialités chimiques, la mal-aimée des banques, en raison de la personnalité râpeuse de son animateur d’origine dont la dent dure à l’égard de leurs dirigeants, en ce qui concerne l’indépendance à l’égard de la Communauté européenne ou le refus de l’Euro, n’a pas forcément établi un courant de sympathie ; mais les faits sont là, que ce soit en raison de l’évolution positive régulière des dividendes distribués ou de la bonne tenue du titre dans les périodes de creux.

Parallèlement, légèrement en deçà, on trouve le nom plus sage de Geberit, un leader mondial de la branche sanitaire, qui a suivi la même politique que la précédente en matière de rétribution des actionnaires, et bien résisté lors des turbulences des marchés. L’exercice est nettement plus périlleux au niveau européen en ce sens que choisir un titre sur un continent de plus de 500 millions d’habitants est une gageure.

Nous en avons pourtant retenu quelques-unes dont deux sont des marques antinomiques, à savoir Hermès dans le luxe et Adidas l’équipement sportif, accompagnées d’une troisième, Inditex, peu connue du grand public, hormis sa marque phare Zara. Pour faire bon poids, ajoutons Rubis, spécialisée dans l’aval pétrolier et chimique qui se soucie peu des fluctuations du brut ainsi que Safran dans l’Aéronautique, l’Espace et la Défense.