Il eut d’illustres émules dans le monde moderne avec Bernard Madoff notamment, et d’autres utilisant le vieux système de Ponzi, s’acquittant d’anciennes créances avec de l’argent frais.
Mais tout ceci n’est que menu fretin par rapport à ce qui se profile: l’engouement surréaliste en faveur des crypto monnaies dont le nombre dépasse déjà les 700, la plus célèbre étant le Bitcoin.
Le système de ce payement électronique est fondé sur un concept totalement délocalisé sans aucune autorité centrale. Il suffit de posséder un ordinateur d’une certaine puissance, nanti d’un logiciel permettant d’émettre des Bitcoins enregistrés sur un portefeuille virtuel. La beauté du système réside dans l’hermétisme du langage utilisé, quasi ésotérique, donnant l’illusion aux nouveaux participants qui doivent passer un certain nombre de tests progressifs, dans l’esprit de Fort Boyard(!) à grand renfort de codes complexes, d’appartenir à une nouvelle catégorie d’alchimistes élus des temps modernes, infiniment plus dangereux que les illuminés du Moyen Age.
Si d’aventure le propriétaire d’une imprimante sophistiquée qui disposerait également d’une fonderie artisanale dans son garage, se lançait dans la la confection de billets de banque ou de pièces, il est fort à parier qu’il passerait le solde de ses vacances estivales derrière les barreaux. Rien de tout ça pour le Bitcoin. Une fois la période d’initiation achevée, l’apprenti sorcier, le « miner » peut donner libre cours à son imagination créatrice et contribuer à gonfler la bulle spéculative.
Des gouvernements se sont émus face à cette déferlante en cherchant à réglementer, voire limiter la création de monnaie virtuelle sous prétexte qu’elle pourrait être utilisée à des fins criminelles, dans le domaine de trafics de toutes sortes, allant des armes à la drogue, sans parler de la traite d’êtres humains.
Le seul fait de chercher à entraver la pieuvre géante contribue à son succès. Que son cours par rapport aux monnaies traditionnelles, croisse en quelques semaines de 20, 40 ou 50%, n’émeut personne. Au virtuel, rien d’impossible. Certains ont voulu matérialiser la nouvelle monnaie par l’émission de pièces confectionnées à base de métaux de rebut et qui s’apparentent plus à des jetons de Monopoly qu’à des espèces conventionnelles.
Certes, des officines d’échanges se sont déjà volatilisées, laissant des trous béants, accompagnées de mouvements de cours totalement erratiques rien n’y fait. La roue infernale s’emballe, mue par une forme d’aversion viscérale des manipulateurs face aux monnaies classiques. Ceci rappelle les excès des bourses en 2007, favorisé par de jeunes et candides universitaires qui parvenaient à convaincre des salariés à quitter leur emploi, des propriétaires à vendre leur maison à l’encan, ou des paysans à aliéner à vil prix leur ferme pour se ruer inconsidérément vers la bourse, avec les résultats que l’on sait. La bourse d’Athènes en est un sinistre exemple : en 2007, son indice de référence dépassait 5’400 points. C’est à cette époque que les rédactions des journaux athéniens (et Dieu sait s’ils sont nombreux) furent submergés d’un cliché représentant une foule bigarrée et hallucinée agglutinée devant les portes du bâtiment de la bourse.
En quelques années, l’indice grec perdit près de 5’000 points ; des actions de grandes banques ou d’industrielles s’échangeant pour quelques centimes ; au moins subsistait-il un reliquat infime !
Avec les crypto monnaies, le marché va imploser un de ces jours et il n’en restera rien hormis les réserves de pièces d’or accumulées par des mafieux astucieux qui voient pus loin que le bout de leurs écrans et auront patiemment échangé du vent contre du métal précieux.