Le sage change d’avis et le sot s’entête (proverbe espagnol) – Août 2017

Notre chronique de mars 2017 avait été consacrée aux profonds changements de notre économie qui se virtualise de plus en plus, les commandes par Internet venant progressivement remplacer les achats physiques.
Il y a quelques jours, nous en avons eu une nouvelle démonstration par l’annonce des vacances croissantes de surfaces dans les centres commerciaux de notre pays.

Pourtant, deux nouvelles récentes semblent vouloir infirmer ou du moins nuancer cette évolution.

Amazon, le géant de la distribution en ligne veut s’emparer pour près de 14 milliards de dollars de Whole Foods Market. Cette démarche paraît surréaliste : un géant du commerce électronique, orienté vers des produits vendus à prix souvent cassés, s’intéresse à une chaîne de supermarchés (460 magasins) connus pour la qualité de ses marchandises destinées originellement à des clients urbains aisés ; celui qui a eu l’occasion de voir les impressionnantes et impeccables pyramides de pommes bio calibrées ou les bouteilles de lait nature avec indication du nom de la ferme, voire de la vache, le tout à des prix relativement onéreux, peut s’étonner de ce mariage entre la carpe et le lapin qui ne peut se justifier que par l’échec d’Amazon de percer dans l’alimentation, et qui veut stratégiquement profiter de la position relativement faible de sa proie face à des Aldi (nouveau aux USA) ou Costco qui délibérément jouent aussi la carte des produits naturels.

Presque en même temps, un concurrent plus traditionnel de Whole Foods Market, Walmart s’attaque de front à Amazon en proposant à ses employés américains (plus d’un million de personnes !) de gagner une rémunération supplémentaire en déposant après leur travail, des achats effectués par ses clients sur internet.

Les employés sont libres de participer à ce programme en livrant sur leur chemin de retour vers leur domicile. Ils peuvent ainsi choisir le poids et la taille des colis ainsi que les jours qui leur conviennent le mieux pour effectuer ces livraisons, étant entendu que toutes ces conditions peuvent être modifiées ou adaptées selon leurs envies ou disponibilité.

En soi, ces deux opérations respectivement, d’Amazon et de Walmart, méritent de retenir l’attention ; elles témoignent du dynamisme de l’économie, de sa faculté d’adaptation et surtout de sa capacité à sortir des sentiers battus, quitte à revenir vers des méthodes éprouvées plus traditionnelles.

Il y a certes-là une leçon à en tirer pour des entreprises de moindre taille, voire des pays, qui ne doivent plus se croire prisonniers et respectueux à outrance de formules surannées, face à un monde en constante évolution.