Jamais le dimanche ! ? – Juillet 2017

En tournant son film « Jamais le Dimanche », Jules Dassin a plus œuvré pour l’essor du tourisme grec que bien des campagnes ou des ministres inspirés. Cinquante ans plus tard, lorsqu’il s’agit d’activité dominicale, la situation est bien différente.

En effet, dans notre environnement, dans nos régions, il existe un certain nombre de serpents de mer qui déroulent régulièrement leurs anneaux. A Genève par exemple, on revient régulièrement sur la traversée de la rade, les zones piétonnes ou sur l’aboutissement de la construction du Ceva, avec ses problèmes et ses conséquences prévisibles ou ignorées.

Le travail du dimanche fait partie de ces sujets qui fâchent. En dehors de quelques braves magasins portugais ou de grandes surfaces hyper-achalandées, et pour cause, à la gare ou à l’aéroport, notre ville demeure sinistre et déserte hormis les abords du lac en raison de la présence de grands hôtels, ou les passages obligés de la Vieille Ville parcourus par des Japonais ennuyés et parcimonieux, le guide vert à la main.

La ville de Paris commence de mesurer les effets d’un des volets de la fameuse loi Macron, tant vilipendée, consacrant, libéralisant, voire encourageant le travail dominical sous certaines conditions strictes.

L’analyse est édifiante : le chiffre d’affaires moyen a crû de 7 à 8% ; l’extension des heures d’ouverture a permis l’embauche de plus de 1’000 personnes, notamment des étudiants qui cherchent un petit boulot, tandis que le reste de la semaine ne s’en est pas trouvé cannibalisé.

Les petits magasins, d’abord timorés, ressentent aussi les effets bénéfiques de cette libéralisation ; le courant d’affaires et la déambulation accrue de piétons leur permettent de participer à l’évolution en mettant l’accent sur des produits mieux ciblés et plus sophistiqués que ceux des grandes surfaces.

Un effet corollaire, et non des moindres, réside dans une plus grande sécurité des biens, mais aussi des personnes qui n’hésitent plus à fréquenter le centre des villes en fin de semaine.

A l’autre extrême, aux Etats-Unis par exemple, on peut rencontrer des octogénaires, sur leur trente-et-un, enchantés non seulement de gagner quelques dollars, mais surtout de pouvoir sortir de chez eux le dimanche et voir le monde !

Espérons que contrairement à une tradition qui ne nous fait plus honneur, les mentalités genevoises vont rapidement se dénaphtaliner et envisager des changements rapides et bénéfiques pour tout le monde.