Roupie de sansonnet – Mai 2017

L’histoire financière est jonchée d’escroqueries, de malversations et d’abus de confiance ; qu’il suffise de se remémorer les noms de Charles Ponzi, Bernie Cornfeld, Allan Standford ou Bernard Madoff pour s’en convaincre,
mais tout ceci n’est que roupie de sansonnet en regard des exactions commises par les gouvernements, sous forme de spoliations diverses, de non-remboursement des emprunts, du non respect de certaines clauses, sans parler des dévaluations innombrables qui ont ruiné des générations.

L’exemple le plus récent date du 8 novembre 2016, lorsque le gouvernement indien a décidé en une nuit de procéder à l’échange des billets de banques de 500 et 1’000 roupies, les plus importantes valeurs faciales en circulation. Près de 24 milliards de coupures étaient concernés. Les détenteurs d’espèces n’ont pu qu’échanger 4’000 roupies aux guichets des banques, le reste devant obligatoirement être déposé sur un compte, avec indication de sa provenance. L’excuse de la manœuvre consistait à détruire les payements en cash qui représentaient près de 95% des transactions, y compris les immobilières.

Face à ces contraintes, les détenteurs de billets ont préféré assister à l’annihilation de leurs avoirs plutôt que d’être confrontés à un fisc inquisiteur et sans pitié ; du jour au lendemain, beaucoup se sont retrouvés sans argent liquide, face à des commerçants qui refusaient d’encaisser une monnaie désormais sans valeur ; on a évoqué des amendes pouvant atteindre 200% des sommes concernées et estimé à 86% le montant des billets non échangés, donc sans valeur autre que le papier qu’ils représentaient.

Avec cette mesure, le gouvernement indien voulait s ‘attaquer à l’évasion fiscale, les sorties illégales de fonds vers l’étranger entre 2003 et 2012 dépassant les 400 milliards de dollars.

Il y avait eu un précédent en 1978 lorsque les autorités avaient retiré subitement les billets de 1’000, 5’000 et 10’000 roupies, des coupures toutefois inaccessibles pour la plupart des Indiens de l’époque.

Conclusion de qui précède ; en moins de deux générations, des privés, des familles, des entreprises ont été spoliés en toute impunité et sans espoir de recours.

Y aura-t-il une troisième dépossession dans quelques années ? On peut en douter ; les intéressés ou leurs descendants auront appris la leçon et procédé à l’achat massif et continu de pièces d’or, non pas de lingots aisément repérables et identifiables. Cette propension sera exacerbée par la politique du puissant voisin, la Chine, qui en 2015 a procédé à une forte dévaluation du Yuan tout en encourageant ses citoyens à acheter de l’or. La Banque Populaire de Chine a ainsi vu ses réserves d’or augmenter de près de 16 tonnes tandis que ses réserves de change sont descendues sous la barre des 100 milliards de dollars.

A l’antique route de la soie s’est substituée la route de l’or d’Ouest vers l’Est. La demande d’or physique est permanente ; il est devenu difficile de trouver de l’or physique à Londres et les banques européennes poursuivent le rapatriement de leur stock déposés auprès de la Réserve Fédérale de New-York où sont entreposées près de 6’000 tonnes.

L’Europe rapatrie son métal jaune. L’Allemagne avait lancé le mouvement en 2012, suivie par la Hollande, la France, la Belgique et l’Autriche. 250 tonnes ont déjà traversé l’Atlantique et même la BCE demande un retour de ses lingots. De moins en moins de gens sont intéressés, et c’est parfaitement compréhensible, par de l’or papier, ils exigent de l’or physique.

Si la Chine a un jour l’idée funeste mais pas totalement surréaliste, d’introduire un Gold Yuan, le dollar subiraun coup mortel.

Dans la mesure où il serait encore aux commandes, le trublion orangé aurait fort à faire et amené à prendre des mesures dangereusement bellicistes !

Qu’en est-il dans nos placements ? Depuis plusieurs années nous maintenons une position en or dans tous nos dossiers gérés en guise de police d’assurance incendie, représentant entre 5 et 10% de la valeur totale, avec une prédilection toujours plus marquée en faveur des pièces, suisses ou étrangères.