L’intéressé n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner en prononçant son premier discours au Congrès Américain au cours duquel, parmi d’autres intentions à caractère politique, il a rappelé qu’il entendait augmenter de 50 milliards le budget de l’armée et concrétiser l’édification du mur avec le Mexique ; à noter à ce propos que Lafarge-Holcim s’est déclarée prête à soumissionner pour la construction.
Par ailleurs, il a confirmé son intention d’abaisser fortement la fiscalité (des esprits taquins ont rapidement conclu que cet allègement concernerait surtout les classes les plus favorisées qui, par définition, n’ont pas réellement besoin de ces facilités). En bon démagogue, Monsieur Trump passe la main dans le sens du poil de ses électeurs, moyens dans tous les sens du terme.
Outre le mur, déjà évoqué et dont la hauteur pourrait varier entre 6 et 20 mètres( !), le président a abordé le thème des infrastructures. Il est vrai que le pays a des besoins immenses pour la rénovation des ponts, des barrages, des aéroports mêmes, c’est-à-dire un vieux projet défendu en son temps par M.Obama mais bloqué au Capitole par le Congrès républicain ; le coût est estimé à un trillion de dollars sans parler de l’endettement qui dépasse déjà les 104% du PIB soit bientôt 20 trillions. (20’000’000’000’000’000’000 USdollars)
Sans réfléchir, l’homme de la rue applaudit à la limitation d’entrée des étrangers alors que 36% des entreprises ont une personne immigrée, voire davantage, dans leur comité directeur, ou que la Silicon Valley, par exemple, n’aurait pu se concevoir sans l’apport de cerveaux indiens.
La dérégulation financière tant prônée, en particulier le démembrement de Dodd-Frank enchante les grandes institutions financières mais est un cadeau empoisonné pour les classes moyennes qui ont oublié qu’elles ont déjà dû passer à la caisse. En voulant favoriser la dérégulation, les intérêts américains ne seront favorisés qu’à très brève échéance pour être ensuite rapidement menacés par la spéculation.
Appliquer des droits de douane de 20% peut paraître séduisant s’il n’était pas certain que la manœuvre serait rapidement suivie de rétorsions au détriment des Américains les moins nantis. Quant à la faible demande des produits américains, elle est moins la résultante d’impôts trop lourds pour les sociétés locales que la conséquence de salaires artificiellement bas.
Une baisse fiscale ne relancera donc pas la productivité, mais activera le dumping entre nations. Un commentateur avait souligné que le versatile M.Trump semble diriger son pays comme s’il s’agissait d’une entreprise privée. Le constat est tout à fait exact avec cette remarque qu’au niveau d’une affaire personnelle, on peut se permettre des essais, des échecs, des balbutiements ou des expériences périlleuses, peu conciliables avec le destin à long terme d’un grand pays. Il subit son premier échec devant le Congrès qui refuse sèchement d’abroger l’Obamacare avec l’accord d’un certain nombre de représentants républicains. Il obtient une victoire à la Pyrrhus avec des lendemains lugubres en termes d’écologie en relançant à fond l’exploitation du charbon et le projet d’oléoduc transcontinental.
L’attitude impavide de M.Trump face aux attaques virulentes sur ses contacts russes, ses spéculations hasardeuses, ses décisions maladroites ou le choix malheureux de certains conseillers, doit faire rêver ce pauvre M.Fillon empêtré dans son écheveau politico-familial, sans parler des costumes !