La perfidie n’est pas l’apanage de la seule Albion – Février 2017

A l’image de ces acteurs qui s’accordent parfois un congé sabbatique, Wolfgang Schäubele, après une année d’absence médiatique, revient sur scène dans son rôle favori : « Le pourfendeur de Grecs ».
Les motivations du ministre des finances allemand sont diverses et obscures. S’agit-il d’une réaction à l’arrivée dans le concert politique national de Martin Schulz, Européen convaincu de par ses anciennes fonctions au sein de la Communauté, ou d’une comparaison envieuse du brouillard de sa région d’origine avec les rivages ensoleillés de la Grèce, ou encore de l’agacement d’un septuagénaire handicapé face à l’exubérance de jeune chien fou qui caractérise Alexandre Tsipras, ou d’un sentiment de gêne rentrée face aux lointaines conséquences de la dernière guerre mondiale, avec son million de morts côté grec et la facture toujours impayée de centaines de milliards correspondant à l’emprunt forcé imposé par les nazis ?

Tout est possible mais incompréhensible, car de quoi parle-t-on ? Du remboursement d’une tranche de 7 milliards d’euros en juillet prochain, une goutte d’eau en comparaison avec les transferts de capitaux d’une seule journée au niveau mondial, ou des trillions accordés en pure perte au sauvetage de banques pourries dont nombre d’entre elles ont disparu depuis plusieurs années, cela d’autant plus que la Grèce se redresse, certes lentement, mais elle se reprend. Les perspectives du tourisme de l’été 2017 en témoignent.

En fait, l’agenda politique européen est lourd cette année; des élections aux Pays-Bas, en Italie peut-être, en France comme on le sait, ultérieurement en Allemagne, sans compter avec l’autoritarisme du voisin turc. Or, on risque d’avoir à faire à un courant populiste qui, pour des raisons hétéroclites, veut la fin de l’Europe et l’abandon consécutif, voire simultané de l’Euro.

L’Allemagne n’est pas en reste ; nombre de ses concitoyens ont la nostalgie du Deutschemark et le verraient revenir avec bonheur, mais qui voudra assumer la responsabilité de ce délabrement devant l’Histoire?

Que la petite Grèce soit le détonateur de l’explosion continentale arrangerait bien les leaders européens et soulagerait leur conscience.

Les empires disparaissent toujours par le pourrissement de leur zone périphérique et le pari biaisé de Monsieur Schäubele est terriblement dangereux. Il fera le bonheur du trublion orangé franchement élu et ravira les cousins britanniques qui se complaisent à rôder comme des squales autour de naufragés.

Espérons que les Européens reviendront à la raison, pourront flairer le traquenard et ne pas se lancer dans une aventure mortelle.