Un pas en avant, deux pas en arrière (11.2016)

Avec 3’000’000 voix de moins que son adversaire démocrate, Monsieur Donald Trump est devenu le nouveau président des Etats-Unis, bénéficiant d’un système électoral suranné, datant de l’époque des pères fondateurs. A cet égard, il a bénéficié des mêmes bizarreries que l’un de ses prédécesseurs, Georges Bush, élu de justesse dans les mêmes circonstances, avec cette fois, un nouvel électorat de blancs pauvres.

Les faits sont là, il faudra savoir s’en accommoder, d’autant plus, qu’une fois l’émotion passée, le bilan ne sera pas totalement négatif, n’en déplaise aux oracles boursiers qui, une fois de plus, se sont totalement trompés quant aux conséquences de l’élection d’un républicain rustique ; les bourses ne se sont d’ailleurs pas totalement égarées ; après des convulsions initiales, elles ont retrouvé leur sérénité et transformé même cette dernière en bond en avant. Le temps de l’égotisme est terminé pour Donald Trump qui doit faire face aux réalités du monde.

A cet égard, il ne manque pas d’atouts par son culot et son absence de manières élémentaires. En matière géopolitique, l’époque des dentelles, des courbettes et des fleurets mouchetés est enterrée ; Patton va succéder à Kiesinger !

Face à un Poutine qui rêve de reconstituer l’Empire, il faut une contrepartie solide et pragmatique ; de même à l’égard de la Chine, idem envers l’Etat Islamique qui devra faire face à une puissance de feu annihilante.

Madame Clinton a péché par son professionnalisme minutieux, ses arguties diplomatiques trop fines et surtout par son choix de faire intervenir systémiquement le couple Obama dans sa campagne ; ce faisant, elle n’a pas tenu compte d’une affligeante réalité ; un fort pourcentage des Américains blancs, n’a pas digéré l’arrivée au pouvoir d’un Président de couleur, aussi brillant fût-il. D’ailleurs le peuple américain n’apprécie guère les leaders charismatiques, car il ne les comprend pas. Qu’il suffise de rappeler le sort d’un Nixon, le premier à s’ouvrir vers la Chine, ou à Bill Clinton à l’esprit supérieur dans tous les domaines. L’establishment fruste et jaloux s’est employé à les détruire par tous les moyens.

Nous devrons donc nous accommoder de ce style, qui constitue un vrai retour en arrière dans l’histoire du monde en cherchant , dans notre domaine, à privilégier les secteurs qui vont profiter du nouveau paradigme ; les pétrolières, débarrassées, hélas, du carcan écologique, les pharmaceutiques qui échapperont à la fiscalité lourde préconisée par la candidate démocrate ou encore les bancaires, et bien entendu l’industrie de l’armement, sans oublier les grands travaux dont le pays a cruellement besoin, quitte à faire exploser le plafond de la dette (en matière de dettes, le nouveau Président est un expert voltigeur). Enfin, les Etats-Unis vont resserrer leurs liens quasi familiaux avec leurs cousins britanniques qui viennent de « s’émanciper ». Il en résultera un lobby comploteur anglo-saxon avec lequel il faudra compter !

En fait, la conséquence la plus grave de l’arrivée de Monsieur Trump consistera dans l’effet de halo à l’étranger avec la recrudescence des mouvements populistes et réactionnaires ; le fait que Marine Le Pen eût été la première à se réjouir de la nouvelle est symptomatique des bouleversements qui nous attendent et qui risquent, pour nous, d’être autrement plus dommageables que l’action d’un trublion chevelu orangé qui se trouvera entravé par l’administration plus conventionnelle.