Et maintenant

« Et maintenant, que vais-je faire ? » Cette chanson mélancolique de Gilbert Bécaud va être fredonnée pendant de longues semaines, non seulement en français, mais bien sûr aussi en anglais, en allemand, voire en espagnol. Le pari téméraire de M. Cameron d’organiser un referendum (on peut d’ailleurs se demander quel eût été le résultat dans d’autres pays européens !) plus les errements nostalgiques et ambigus d’une nonagénaire, impératrice sans empire, expliquent le Brexit, sans le justifier. Nous allons vivre sur le plan politique, économique et boursier de longs mois d’incertitude et d’errements. On s’en remettra, chacun à son rythme : la Communauté Européenne dont l’amaigrissement n’est probablement qu’à ses débuts retrouvera son équilibre dans quelques années, en se réduisant logiquement à ses membres fondateurs, dans l’esprit pionnier de l’après-guerre. Quant aux Anglais, pragmatiques et opportunistes, débarrassés du carcan législatif européen étouffant, avec l’appui de leurs complices américains, ils vont maintenir et étoffer avec des structures nouvelles un centre financier, beaucoup plus occulte et efficient, dans l’esprit des îles bananières tant vilipendées. La Suisse, à son habitude de flexibilité, survivra à tout ça et demeurera le modèle de structure sophistiquée à laquelle la Communauté aspire depuis sa fondation et qu’elle mettra des décennies à adopter. Les seuls à triompher momentanément dans cette aventure, et ce n’est guère rassurant, seront les populistes dont le polichinelle ignare de la côte Est qui sera d’ailleurs rapidement snobé par les Anglais. Sur un plan plus constructif hormis les financières fragiles, les grandes entreprises internationales, indifférentes aux turbulences législatives perdureront, prouvant une fois de plus que le secteur privé est systématiquement gagnant.