Sur les doigts des deux mains ou plus ? – Janvier 2022

La question du nombre d’actions qu’on devrait détenir en portefeuille revient d’une façon récurrente dans les discussions des profanes et des professionnels. Laissons de côté la solution des fonds de placement...

La question du nombre d’actions qu’on devrait détenir en portefeuille revient d’une façon récurrente dans les discussions des profanes et des professionnels. Laissons de côté la solution des fonds de placement gérés par des inconnus, parfois même par des ordinateurs, les deux solutions interdisant un quelconque contact avec l’investisseur, en dehors de la mise à disposition de rapports évoquant par définition des situations obsolètes.

En définitive, le choix de base va de la diversification poussée à la concentration ; la première option tendant à diluer les risques présente des désavantages dont le moindre réside dans la difficulté à suivre ses investissements. Au-delà d’une vingtaine de titres, la simple lecture des rapports et des communiqués de presse nécessite un travail que peu ont le loisir d’effectuer.

En fait, une grande majorité de titres n’ont que des performances médiocres ; il est donc préférable de se fier à ses convictions ou à son ressenti. Tout le monde connait l’histoire de cette américaine âgée qui, à force de voir passer sous ses fenêtres des camions de Coca-Cola, prit la décision d’en acheter progressivement les actions dès que ses maigres économies le permirent. 20 ans plus tard, elle était devenue millionnaire.

Si l’on possède entre 10 et 15 actions, on a la possibilité de suivre leur évolution et de s’informer de ce qui les concerne. Le suivi du portefeuille en devient donc plus facile plutôt que se perdre dans des centaines de lignes. C’est d’ailleurs la stratégie suivie par Warren Buffett qu’il n’est plus nécessaire de présenter. Les 60% de ses investissements sont représentés par 5 (oui, vous avez bien lu !), 5 valeurs dont une majorité d’établissements bancaires américains, ce qui laisse un goût amer lorsqu’on se souvient qu’il y a une trentaine d’années, les fleurons mondiaux du secteur étaient le fait des grandes banques suisses, lesquelles graduellement mais progressivement ont été attaquées et détrônées, mal défendues par des responsables sans véritable culture bancaire, voire sans identité nationale. Le travail des termites anglo-saxonnes s’est poursuivi à grand renfort de réglementations paralysantes que les initiatrices se gardent bien d’appliquer. Fermons cette parenthèse et revenons à notre sujet, la stratégie de Warren Buffett : avec une dizaine d’autres actions, on parvient à près de 80% de ses investissements !

En matière de placements, quelques règles simples sont à suivre : en premier, avoir la conviction de ce que l’on achète – comme la vieille dame et ses Coca- ; par ailleurs, le suivi des titres est plus aisé avec une poignée de valeurs, les meilleures dans chaque catégorie ; aussi, la concentration sur quelques titres permet d’économiser sur les frais bancaires en choisissant les leaders des secteurs que l’on préfère. Enfin, et surtout, il faut absolument résister à la tentation de vouloir encaisser des gains à court terme.

Prenons un cas archi-connu : Nestlé : en 2000, elle valait environ 25 francs ; en 2007, elle avait doublé à 50 francs, actuellement, elle vaut près de 125 francs. En 20 ans, elle a donc quintuplé sans évoquer les juteux dividendes distribués (le dividende actuel est de francs 2.75 ; pour un titre acquis aux alentours de 25 francs, ce n’est pas mal ! en constante augmentation d’une année à l’autre).

Prenons un contre-exemple : Zurich assurance : en 20 ans, elle a perdu la moitié de sa valeur, et c’est là qu’arrive la conclusion de base : il faut laisser courir ses gains, même en cas de forte hausse, mais se décider à couper les positions perdantes si l’on a besoin de liquidités, en s’abstenant surtout d’effectuer des moyennes par des rachats à moindre prix. Quoi qu’en disent les analystes sophistiqués qui se plongent dans les bilans ; tout est dans le prix d’un titre : la marche de ses affaires, ses anticipations, ses espoirs, ses appréhensions et surtout son image.

Soit dit en passant : pour l’an nouveau, deux secteurs devraient retenir l’attention : les pharmaceutiques pour des raisons évidentes et qui, compte tenu de la situation, ont échappé pour longtemps à des brimades financières ; les classiques suisses archi-connues demeurent intéressantes ainsi qu’une sélection d’américaines du même acabit. Autre intérêt : la cyber-sécurité ; dans ce domaine, par extension, les valeurs françaises spécialisées dans la défense tiennent le haut du pavé.