Barbare ? Vous avez dit Barbare ? – Juin 2025
(En 1925, J.M. Keynes décrivait l’or comme une relique barbare)
L’or est un thème récurrent dans nos chroniques en tant qu’investissement complémentaire ; cette année, il joue le rôle de vedette par rapport aux marchés des actions avec une progression de plus de 20%.
En remontant dans le temps, rappelons que le 15 août 1971, le président Richard Nixon avait modifié la donne du système monétaire international, en annonçant la fin de la convertibilité du dollar en or. Depuis cette date, le métal précieux témoigne d’une croissance de plus de 9’000%.
Traditionnellement, l’or était considéré comme une couverture contre l’inflation ; il semble que cette stricte corrélation soit maintenant dépassée de par la multitude des incertitudes : les tarifs douaniers, la guerre en Ukraine, le DOGE ou la montée en puissance de La Chine.
Un événement qui tout à la fois pénalisa le US dollar et renforça le prix de l’or en accélérant son évolution fut la décision de l’Administration Biden de geler les actifs de la banque centrale russe détenus aux Etats-Unis à la suite de l’invasion de l’Ukraine, ce qui provoqua une réaction de beaucoup d’autres pays qui conclurent que si une superpuissance pouvait se voir ainsi entravée, quel serait le sort de nations moins importantes devenues méfiantes de leur dépendance excessive vis-à-vis du dollar ? Cette interrogation les incita à remplacer ce dernier par la vraie monnaie sans risque, l’or ; cette réflexion se traduisit par la baisse inéluctable de la devise américaine.
Un deuxième facteur d’appréciation du métal est le rôle joué par les BRICS. Ce groupe de pays composé au départ du Brésil, de l’Inde et de la Chine (l’Afrique du Sud l’a intégré en 2010) s’est agrandi et compte désormais l’Egypte, l’Ethiopie, l’Indonésie, l’Iran et les Emirats arabes unis. Au portillon se sont annoncés la Malaisie, le Nigéria, la Turquie et le Vietnam. Ce club hétérogène a une ambition : prendre ses distances à l’égard du billet vert.
À contrario, dans le foisonnement de nouvelles, d’opinions, de projets en provenance d’outre-Atlantique, un sujet retient l’attention : l’insistance du président et de son temporaire second bionique de faire inventorier le dépôt d’or de Fort-Knox. S’agit-il d’un contrôle de simple routine ou y aurait-il une intention subreptice derrière cette démarche ? Par exemple, en fonction du résultat et d’un réajustement au prix du marché de la valeur du stock de métal, redéfinir la couverture réelle de la devise américaine et apporter une solution fragmentaire au problème de la dette ?
Quelle que soit l’hypothèse retenue, une conclusion est quasi certaine : une nouvelle page s’est tournée pour l’or qui devrait poursuivre son ascension et par conséquent sa réintégration pérenne dans la structure des portefeuilles.