En survolant les nombreuses chroniques consacrées aux exercices annuels, on se rend compte que peu d’entre elles ont laissé un souvenir marquant. Il en est de même dans le cadre de nos vies personnelles ; qui se souvient de 2013 ou 2021, à moins que ces années ne se soient caractérisées par des évènements qui nous aient spécialement touchés, comme des naissances ou des promotions professionnelles par exemple ?
2024 risque pourtant de se singulariser par une pierre blanche qui restera dans nos mémoires. On a tendance à oublier que pas moins de 120 guerres se déroulent sur notre planète, alors que nous ne nous focalisons que sur le Moyen-Orient et l’Ukraine, qui célèbre lugubrement le 1000ème jour d’un conflit dont les aléas s’inscrivent dans notre vie quotidienne.
L’évènement principal aux longues conséquences sera certainement le retour de Donald Trump aux affaires, après une campagne de bas étage empreinte de contrevérités et de grossièretés et qui se profile d’une façon inquiétante, si l’on se réfère au choix de ses ministres dont le dangereux Elon Musk ou l’anti-vaccins Kennedy, sans compter d’autres « personnalités » dont quelques-unes ont eu maille à partie avec la justice ou ont pratiqué le catch !
Au niveau mondial, ce n’est guère mieux ; à des Henri Kissinger ou Philippe de Villepin ont succédé des iconoclastes, que ce soit en Argentine, en Amérique du Nord, déjà citée, en Turquie ou en Hongrie sans parler du mystique du Kremlin, de notre ex-étudiant aux tempes rasées ou de notre voisine transalpine, tous succombant à un mode de populisme qu’on croyait dépassé depuis des décennies. « On ne fait plus dans la finesse », mais à la massue, avec parfois des résultats surprenants :
les « Brics » menaçaient d’abandonner le dollar ; le Président élu a tranquillement évoqué une hausse de 100% des droits de douanes sur leurs produits, ce qui a fait remonter la devise américaine, sans que les fondamentaux ne se fussent réellement améliorés. L’Argentin s’employa à supprimer des ministères entiers sans beaucoup de réactions dans le public, bref des mesures à l’emporte-pièce qui semblent devenir la nouvelle règle.
Notre activité à proprement parler eut aussi ses bouleversements : dans le secteur alimentaire, Nestlé, la Valeur refuge décennale, s’effondra de plus de 40% alors qu’une revenante, Danone, s’appréciait de plus de 20%. Côté pharmaceutiques, déception de la part des classiques, Roche et Novartis, avec de modestes gains de l’ordre de 4.5%, tandis que la générique Sandoz s’est appréciée de près de 8 fois plus avec un gain de 33%. Grands écarts également dans le secteur du luxe, la suisse Richemont a crû de 18%, légèrement moins qu’Hermès (+20%), la plus performante des françaises, la palme revenant cependant à l’américaine Ralph Lauren, en progression de plus de 60% pour l’année.
Puisque nous avons franchi l’Atlantique, restons-y et examinons les extravagances du marché : les règles d’antan n’y sont plus de mise et on retrouve l’ambiance du climat nippon d’il y a une trentaine d’années, avec des dividendes plus que symboliques et des rapports cours-bénéfice de 200 ou 300 fois, principalement dans la nouvelle technologie, activité qui devrait profiter de l’arrivée de M. Trump, à l’instar des matières premières, du secteur pharmaceutique et des infrastructures, bref des développements sur le sol national, en faisant tourner les usines de voiture, construire des aéroports et des routes, tout en faisant acheter des iPhones.
Avant de conclure, n’oublions pas d’évoquer deux secteurs de prime abord antinomiques et qui ont connu des performances remarquables en 2024 : l’or métal avec une progression de près de 27% et son compagnon crypté, le Bitcoin, qui enregistre un gain de plus de 125%. Une remarque à ce propos : les investissements dont il bénéficie ne cessent de croitre, surtout dans la jeune génération qui n’envisage cependant pas que de thésauriser, mais qui souhaite l’utiliser en tant que moyen de payement, ce qui permettrait d’exploiter de nouvelles poches de richesse et de fidéliser les investisseurs en crypto-monnaies. Progressivement, LVMH, Gucci, Balenciaga, récemment, Le Printemps, expérimentent avec succès des offres de payement. La compagnie de croisières Virgin Voyages a commencé ce mois-ci à proposer son premier produit acceptant le bitcoin comme option de payement ; il s’agit d’un laisser-passer annuel de 120’000 dollars qui permet de voyager jusqu’à un an sur ses navires de croisière.
Ne nous voilons pas la face : nous abordons un monde nouveau avec pas mal d’incertitudes, qui devrait durer au moins deux ans jusqu’aux prochaines élections législatives américaines et encore à condition qu’il y ait d’ici là un sursaut démocratique et une relative accalmie de la situation politique mondiale.
Au-delà, c’est flou, MAIS historiquement les marchés montent 3 années sur 4 ; tous les 5 ans, les marchés peuvent baisser d’environ 30 % mais se reprennent toujours avec vigueur, avec de bons titres classiques, un tantinet de fantaisie au profit de nouvelles entreprises et une pincée de cryptos ; l’avenir reste psychédélique mais prometteur ! 31 Décembre 2024. Paru sur le site de Priban SA