Le but de cette chronique n’est pas d’analyser les transferts qui peuvent se négocier dans les domaines du football, mais bien de nous concentrer sur le domaine d’investissement de chacun d’entre nous.
A plusieurs reprises, nous avions insisté sur la nécessité d’envisager les placements dans une optique longue, de plusieurs années ; il n’en demeure pas moins que les modes peuvent changer au gré de l’évolution de la technique ou du ressenti des investisseurs.
Ces derniers mois, on a beaucoup évoqué les magnifiques, cette poignée d’entreprises qui a propulsé l’indice S&P500 en 2023: Amazon, Microsoft, Alphabet, Meta, Tesla et Nvidia. Il y a une vingtaine d’années, seule Microsoft figurait déjà dans une telle sélection, ce qui est tout à l’honneur de Bill Gates qui a su modeler et adapter son entreprise à l’évolution du monde des affaires. Ceci ne signifie pas que les autres composantes de la liste aient disparu de la cote, loin de là, mais elles ne figurent plus dans le nec plus ultra. En un quart de siècle, l’économie mondiale a amorcé un gigantesque virage, délaissant, en schématisant, les activités de base en faveur d’une technologie toujours plus sophistiquée.
Divers facteurs peuvent expliquer la dégradation d’entreprises fort connues à l’origine : souvent des acquisitions inconséquentes qui ont détruit la valeur de la société, avec l’exemple de General Electric, une des composante de l’indice Dow Jones à ses tout débuts et qui a failli disparaitre en se dissipant dans une multitude d’activités disparates ; ou encore une défaillance dans la gestion des risques comme AIG, perle parmi les perles, qui a abandonné une politique conservatrice dans ses investissements au profit d’autres placements, nouveaux et beaucoup plus risqués.
D’autres encore n’ont pas compris que les goûts des consommateurs se modifiaient, dans la vente au détail notamment en raison de l’évolution de la vie urbaine encourageant les achats en ligne, ou de pandémies limitant les sorties en ville.
De nouveaux produits ayant nécessité des investissements conséquents n’ont pas eu parfois les résultats escomptés, le cas de Biogen en témoigne, étoile en son temps, et qui a failli disparaitre ; leader dans le secteur hautement profitable de la cancérologie, elle l’abandonna au profit de la recherche dans le traitement de la sclérose en plaques et de l’hémophilie.
Quant aux facteurs fortuits comme le Covid, inutile de commenter leurs effets, ils sont connus : les négatifs, affectant le tourisme, l’aéronautique ou l’hôtellerie, contrebalancés par l’essor de la technologie et du commerce en ligne.
Avec cela, il faut tenir compte du facteur mode : nos parents et grands-parents ne juraient que par le pétrole et ses illustres représentantes, Exxon ou Royal Dutch. Comment convaincre un jeune investisseur d’y placer des fonds ? Le secteur paraîtra rétrograde, voire anti-écologique, ce qui entre parenthèses témoigne d’une courte vue, cette forme d’énergie ayant de beaux jours devant elles, sans parler de son rendement attrayant. Effectivement, si on calcule la valeur boursière du secteur énergétique du S&P 500, on découvre qu’il représente moins de la moitié de celle de Nvidia, la vedette de 2023.
D’autres sociétés, pourtant célèbres ont eu des passages à vide : IBM, vache à traire de nos grands-parents et leur placement privilégié, voire unique, a disparu des écrans dans les années 60 pour renaitre avec le deuxième millénaire dans le sillage du démarrage informatique.
Le métal jaune n’intéresse guère les milléniaux, hormis quelques pièces disparates. Paradoxalement, seules les banques centrales l’accumulent patiemment en se délestant progressivement de leurs réserves en us dollars. La jeune génération semble faire davantage confiance aux crypto monnaies pour conserver la substance de son épargne. Il est symptomatique d’observer à cet égard que Ferrari a accepté de vendre prochainement ses futurs modèles contre des Bitcoins !
Des entreprises vénérables parviennent pourtant à rester dans la course grâce à de nouvelles options. Air Liquide par exemple qui pourrait paraitre ringarde pour de jeunes investisseurs retient leur attention grâce à son engagement dans la conservation et l’utilisation de l’hydrogène en tant que combustible ou L’Oréal qu’on ne présente plus, qui a connu un formidable développement grâce aux jeunes Asiatiques qui recourent de plus en plus à des colorants.
Soit dit en passant : il y a maintenant plusieurs années qu’on nous rebat les oreilles avec l’Intelligence artificielle ; récemment, nous lui avions consacré une chronique. Les faits sont là : l’IA appartient désormais à notre quotidien. S’y intéresser en tant qu’investissement est toutefois malaisé compte tenu des myriades de possibilités. Il existe pourtant un outil simple et éprouvé, Apple, qui a non seulement raflé des milliers de brevets dans ce domaine, mais qui est une sorte de péage dont il faut systématiquement s’acquitter à la moindre innovation. De surcroit, la société consacre annuellement des milliards à racheter ses propres titres, une garantie de succès pour l’avenir !