Il y a plus de 8 ans, décrivant la situation alors catastrophique de la Grèce, nous avions consacré une courte chronique au pays, dévasté par l’incompétence avide de ses créanciers qui envisageaient froidement sa disparition. Nous l’avions intitulé « La mort de l’âne », épuisé à force de privations. Le temps a passé et nous avons à faire maintenant à une autre nation, l’une des plus dynamiques à l’échelle européenne, évolution concrétisée par le comportement remarquable de la bourse d’Athènes, baromètre sensible et fiable.
En dépit de la saison relativement précoce, les hôtels sont déjà archipleins, reflétant il est vrai la situation du Moyen-Orient ; on croise en effet beaucoup d’Egyptiens, de Jordaniens ou des ressortissants d’Israël.
Autre signe de dynamisme, le nombre invraisemblable de grues y compris des gigantesques, dans les villes. Les chantiers pullulent, à Athènes, celui d’Ellenikon, l’ancien aéroport est phénoménal avec, en particulier la construction en bord de mer d’une tour de près de 50 étages, entourée d’une multitude d’immeubles dont les appartements sont pratiquement tous réservés, voire achetés ; il est même envisagé de créer une baie artificielle en extension de la mer. Des complexes hôteliers sont rachetés et rénovés luxueusement ; les magazines de mode en font fréquemment l’écho.
A Salonique, la seconde ville du pays, les travaux du métro vont bon train en dépit de l’obstacle que représentent d’incessantes découvertes archéologiques qui doivent être soigneusement recensées et répertoriées avant que les feux verts pour la poursuite des chantiers ne soient délivrés.
Au niveau urbain, les municipalités ont consenti de gros efforts afin de reverdir les quartiers à grand renfort d’arbres et de platebandes fleuries.
Les finances publiques ne se sont que modérément améliorées ; il est vrai qu’au plan mondial, le respect des budgets passe à l’arrière-plan, le réarmement défensif étant devenu la première priorité, probablement pour de longues années.
Une étude a été récemment publiée concernant la propension à épargner de la population grecque ; les conclusions sont édifiantes ; un couple avec enfant ne met rien de côté, mais a au contraire tendance à s’endetter, alors que la population globale épargne chaque année à peine 1’000 euros. Ce chiffre est plus du double pour les couples retraités. Il est vrai que ces données doivent tenir compte de la réalité grecque, unique dans ce domaine, selon laquelle les jeunes peuvent compter sur l’aide massive de leurs parents, d’autant plus précieuse que le niveau de surendettement en Grèce est d’environ 37%, soit quatre fois plus que la moyenne européenne.
Autre réalité locale, plus concrète : la « prika », la dot. L’ouvrier le plus modeste a à cœur de doter sa fille, la plupart du temps sous forme d’un petit logement, avec parfois des conséquences surprenantes : la fortune moyenne du Grec est supérieure à celle de l’Allemand ! cette distorsion avait fait l’objet de nombreux commentaires aigre-doux outre Rhin lors des tentatives de « sauvetage », les mauvaises langues parleront de « sabordage » du pays. À l’époque cependant, des commentaires plus incisifs avaient rappelé que la durée moyenne du travail hellénique était sensiblement supérieure à celle de son homologue allemand.
Sans revenir sur le passé, et ce sera la conclusion, le pays actuel n’a plus rien à voir avec la Grèce d’il y a une quinzaine d’années ; il y règne un dynamisme prometteur et un esprit de développement que beaucoup d’autres nations peuvent lui envier. Si la guerre d’Ukraine n’alimente guère les conversations privées, le sujet préoccupe néanmoins le gouvernement qui étudie, en collaboration avec des pays proches, la création d’un dôme de fer du type installé en Israël, qui a récemment fait preuve de son efficacité en repoussant l’attaque de l’Iran.
Dernier fait à mentionner, les élections européennes ; contrairement à plusieurs nations continentales, le pays n’a pas été submergé par la vague de peste brune alors qu’il en recelait pourtant les ferments, une immigration bigarrée et pléthorique et la remise en cause officielle de certaines traditions familiales.
Soit dit en passant: Par les medias, nous suivons, presque heure par heure, les tragiques événements d’Ukraine et du Moyen-Orient ; en sourdine pourtant se livre une guerre beaucoup plus globale et insidieuse : les cybers attaques qui prennent pour cibles des écoles, des hôpitaux, voire des sections gouvernementales. On en connait les origines et à tous les niveaux on cherche à s’en prémunir ; en Europe, une entreprise se démarque : Thales, orientée vers la défense, qui se spécialise de plus en plus dans la protection des données et devient ainsi une composante indispensable d’un dossier de titres.