« La cupidité est à la racine de tous les ennuis » (D. Woodrell) – Février 2024

Les tribulations de cette célèbre station de montagne qui avait perdu la maitrise du fonctionnement de ses remontées mécaniques de par la cupidité de ses actionnaires bourgeois qui avaient vendu ce patrimoine essentiel à un investisseur étranger, récemment recédé à…

Les tribulations de cette célèbre station de montagne qui avait perdu la maitrise du fonctionnement de ses remontées mécaniques de par la cupidité de ses actionnaires bourgeois qui avaient vendu ce patrimoine essentiel à un investisseur étranger, récemment recédé à un fonds anglo-saxon, restent gravées dans les mémoires, surtout après l’épisode de la fermeture inopinée des installations en plein milieu d’un long week-end de fêtes.

On peut certes se féliciter que ce patrimoine mécanique soit enfin géré par des professionnels, tout en gardant dans un repli de sa mémoire que les nouveaux propriétaires Yankees ne font pas dans la dentelle et que si ce nouvel investissement ne devait pas correspondre à leurs attentes, ils le mettraient en veilleuse sans état d’âme.

Une telle inconséquence peut avoir des conséquences infiniment plus sérieuses ; on en a eu la démonstration il y a quelques mois, lorsque le monde a pris conscience avec stupeur que certains de nos braves industriels, afin d’améliorer une rentabilité qu’ils jugeaient insuffisante, s’en étaient presque complétement remis à Taiwan pour la fabrication des microprocesseurs indispensables au fonctionnement de nos machines, sans penser que la production pourrait être entravée, voire interrompue du jour au lendemain.

Le sujet est redevenu d’une brûlante actualité après le message annuel du président Xi Jinping, qui a clairement fait comprendre à son pays et au monde que l’absorption de Taiwan était plus que jamais à l’ordre du jour, pouvant ainsi provoquer un assèchement total de la production électronique à destination de l’Ouest.

Autre constatation navrante, aux conséquences sérieuses : on découvre que l’Europe, berceau de l’industrie pharmaceutique, est à court des substances de base nécessaires à la fabrication de certains médicaments sophistiqués, car dépendant à nouveau de l’Extrême-Orient, offrant des coûts de productions plus avantageux.

Prenons de la hauteur et examinons les facilités portuaires européennes du sud-est du continent jusqu’au nord, c’est-à-dire du port de Thessalonique au terminal de conteneurs de Hambourg: on ne dénombre pas moins de quatorze accès, tous rachetés ou gérés par des intérêts chinois, parfois majoritaires comme au Pirée ou à Valence en Espagne, à se demander si l’Intelligence artificielle dont on nous rabâche les oreilles ne pourrait pas être supplantée par un soupçon de bon sens !

Dès lors, il ne faut guère s’étonner que les rayons des magasins ou les ventes en ligne soient accaparés par des produits chinois, ce que constatait amèrement Ursula Von der Leyen, Présidente de la Commission européenne : « Sur trois cargos chargés à ras bord en provenance de Chine, deux repartent vides » !

La mainmise chinoise, souvent discrète, englobe des raisons sociales vénérables : le Club Med, la parfumerie Marionnaud, le beurre Saint-Hubert, Volvo, les pneus Pirelli, le Suisse Syngenta, Kuka, les hôtels et restaurants Campanile, sans compter des milliers d’hectares de terres agricoles et de vignobles. On peut légitimement se poser la question de l’aliénation opportune de certaines de ces entreprises ; la recherche d’un profit facile et immédiat de la part des vendeurs peut-elle vraiment tout justifier ?

Notre continent n’est pas le seul concerné ; l’Afrique, notre partenaire naturel, est méthodiquement pillée, bradée car abandonnée pour des raisons diverses. La Chine y a déjà investi plus de 250 milliards de dollars dans des projets bien ciblés, dans les domaines des matières premières mais aussi agricoles, avec cependant quelques bémols ; La cupidité des vendeurs, privés et étatiques, s’alimente de la voracité des acquéreurs, les deux parties faisant abstraction d’aspects essentiels : l’éloignement de leur base naturelle pour les acheteurs, mais aussi et surtout pour les deux partenaires, une attitude ségrégationniste, voire pire, rendant hasardeuse une collaboration pérenne.

Espérons que les Européens sauront saisir leur chance et rétablir des liens avec ce continent de l’avenir. Y investir avec sagacité, en accordant de l’importance aux infrastructures, s’avérerait rapidement fructueux, l’un des dividendes, et non des moindres, consistant à réduire la propension à une émigration problématique.

Soit dit en passant : avec la situation politique du monde, telle qu’on la vit ou qu’on la pressent, il devient malheureusement opportun de consacrer une partie de ses investissements à l’armement de défense, en privilégiant les entreprises européennes, par exemple, Leonardo, Rheinmetall ou Thales.