Après une année 2022 difficile en raison d’une flambée de l’inflation et du recours à des politiques monétaires restrictives, les marchés financiers ont fait montre de résilience début 2023 et même d’un redémarrage permettant la clôture d’un premier trimestre en hausse marquée. La prévision d’un atterrissage en douceur avec une inflation maitrisée et une économie qui résiste, a d’emblée été bénéfique pour les indices actions dès janvier avec un effet de halo pour le reste du semestre.
La réouverture de la Chine ainsi que des statistiques économiques rassurantes ont paru confirmer l’efficacité des politiques monétaires restrictives menées par les banques centrales. Après la macroéconomie, ce fut au tour de la microéconomie d’aborder le printemps avec confiance grâce aux bons résultats de la plupart des entreprises.
Pourtant, des mauvaises surprises vinrent du secteur bancaire dont telle ou telle composantes avait mal parié sur l’adéquation en matière de taux d’intérêts aux USA d’abord, avec la faillite de la Silicon Valley Bank, une banque régionale américaine, victime de la déréglementation voulue par la présidence Trump.
En quelques jours, le monde entra dans un stress bancaire accentué par une mauvaise communication du plus gros actionnaire du Crédit Suisse, la Saudi National Bank, entrainant celle-là dans la tourmente avec son rachat in extremis par l’UBS. Ces mesures décidées rapidement permirent de restaurer la confiance et d’enrayer les mécanismes de transmission d’une crise bancaire permettant aux indices concernés de reprendre des couleurs.
En filigrane demeuraient les risques géopolitiques, particulièrement l’Ukraine avec une guerre qui s’enlise. Les tensions géopolitiques entre les grandes économies, en particulier entre les USA et la Chine, ont fait souvent les grands titres, notamment l’épisode du ballon chinois survolant les silos nucléaires sensibles dans le Montana, avant d’être abattu par l’armée américaine tandis que la Chine réalisait des exercices militaires interarmes pendant 3 jours dans le détroit de Taiwan.
Dans un domaine qui nous est proche, on observa avec inquiétude la canicule qui brûlait l’Europe et l’Hémisphère Nord en particulier. Quels que soient les scénarios, le réchauffement de la planète atteindra 1.5° dès le début des années 2030. Limiter le réchauffement ne sera possible qu’en renforçant la baisse des émissions pour ramener les mondiales nettes de CO2 à zéro et réduire fortement les autres sources de gaz à effet de serre.
Au niveau de la bourse, on nota une nouvelle donne, l’« Intelligence Artificielle » concernant un nombre limité d’entreprises, à savoir les plus grosses capitalisations américaines (Microsoft, Apple ou Nvidia), qui connurent des performances dépassant parfois les 50%, ce qui permit au S&P 500 d’engranger une avance de plus de 8% ; hors technologie, l’indice américain performa d’à peine 3%, nonobstant le petit jeu à se faire peur relatif au plafond de la dette aboutissant à un compromis entre les deux grands partis.
La Chine ne participa guère à l’euphorie boursière mondiale en perdant plus de 10% en début d’été ; il faut se souvenir que l’Empire du Milieu est fréquemment ébranlé par des scandales immobiliers comprenant des milliers de chantiers inachevés face à de futurs propriétaires endettés jusqu’au cou et qui rechignent à occuper des habitations à l’abandon.
À son habitude, septembre fut mauvais au niveau boursier, la retenue des investisseurs étant à mettre au compte de la guerre qui s’enlise, des taux d’intérêts qui plafonnent sans baisser et des incertitudes liées à l’élection présidentielle de 2024 aux USA.
L’attaque du 7 octobre 2023 contre Israël peut être considérée comme du grand art dont il soit invraisemblable que sa conception eût pu se concocter dans un obscur tunnel de Gaza ; on y voit plutôt l’empreinte d’une agence de renseignements de haut vol domiciliée en Iran ou plus probablement en Russie, avec un effet déstabilisateur, incluant une conjonction d’effets divers destinés à frapper les esprits : une invasion inattendue venue des airs, le massacre sanglant de jeunes en train de danser à l’aube, l’enlèvement brutal de certains d’entre eux, l’agression sauvage de kibboutz avec son lot de tueries insoutenables comprenant des bébés et enfin des kidnappings hétérogènes incluant des octogénaires grabataires poussées de force par la porte arrière de véhicules militaires.
Dans leur globalité, les pays occidentaux firent immédiatement preuve de solidarité avec Israël, décontenancé quelques jours en raison de problèmes politiques internes assez rapidement et provisoirement remisés au profit de la recherche d’une unité nationale. Les pays musulmans voisins adoptèrent une attitude assez neutre qui évolua rapidement après le sursaut de l’Etat hébreu. La main invisible du Deux ex Machina exerça ses premières pressions en retournant les opinions ; si les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, réaffirmèrent leur solidarité avec l’agressé, encore qu’avec nuances dans le cas de la France par exemple, le courant de sympathie s’étiola progressivement. Pour beaucoup, il parut inconcevable que Tsahal s’attaquât à la bande de Gaza. En l’occurrence, oubliant les circonstances et les conséquences du 7 octobre, une partie des media s’émut de la situation des Gazavis qui en son temps avaient largement plébiscité le Hamas, se trouvant ainsi brusquement victimes de leur choix !
Lentement mais sûrement, le conflit local prit une dimension mondiale ; on n’évoque plus la guerre en Ukraine, ce qui comme par hasard, fait le jeu des Russes, cette désaffection pesant sur le moral des concitoyens de Volodymir Zelenski. Les musulmans américains ou résidents dans le pays s’éloignent du parti démocrate, notamment de M. J.Biden accusé d’être partisan de M. Netanyahu. Les banlieues européennes, noyautées, s’échauffent, avec le lot d’ignominies dont des tags antisémites, même en Allemagne, ce qui témoigne d’une singulière absence de décence.
Les partis politiques nationaux furent chamboulés, M. Melanchon refusant de qualifier le Hamas de terroriste, ce qui ne parait pas rebuter Mme LePen qui vole au secours de la communauté israélite ! Il paraît que les milices de Wagner, orphelines de Prigogine et assoiffées de reconnaissance arment tant le Hamas que le Hezbollah, tout en épaulant des régimes voyous.
L’effet déstabilisateur évoqué en préambule gagne en amplitude et le doute quant à son origine s’estompe. On ne parle plus de Deus ex Machina, mais de « Is fecit cui prodest », « à qui profite le crime » ? On subodore la réponse ! D’autant plus que des Slaves d’origines diverses et commandités par Moscou font le tour des beaux quartiers parisiens en souillant les façades d’inscriptions blasphématoires.
Changeons de continent avec l’élection burlesque de Javier Milei au poste de président de l’Argentine ; avec cette arrivée, les futurs sommets des BRICS vont devenir de plus en plus folkloriques.
Fin novembre, M. Poutine reprend la main en faisant le tour des capitales où il ne court pas le risque d’’être appréhendé. L’accueil est parfois triomphal, en Arabie Saoudite par exemple, en dépit des soi-disant liens privilégiés du Royaume avec les Etats-Unis ; au niveau européen, M. V.Orban, vassal mutant du susnommé, fait aussi des siennes, en caressant dans le sens du poil tous les mouvements populistes, s’opposant totalement à l’élargissement de la Communauté ou de l’Otan à la grande satisfaction du Maitre du Kremlin, décidément très en verve.
La Cop28 s’achève finalement à Dubaï, après de multiples concessions, l’abandon définitif des énergies fossiles étant remis à huitaine et passant par le recours accru au nucléaire, à se demander si un nuage radioactif est vraiment préférable à la poussière de charbon ; les animaux rescapés de Tchernobyl ou plutôt leurs descendants à 5 pattes en témoigneront !
Après une pirouette vaudevillesque, à savoir la sortie de M. Orban pour boire un café, le principe du rattachement de l’Ukraine à la Communauté est finalement accepté en son absence, mais les modalités, surtout les financières, restent à définir.
On s’achemina vers la fin d’une année agitée à tout point de vue ; il ne faut guère se bercer d’illusions, la prochaine ne s’annonce pas plus paisible : les conflits armés perdurent sans vrai espoir d’accalmie auxquels s’ajoute un nouveau facteur, les troubles civiques, en France notamment, à grand renfort d’atteintes sauvages à la vie, d’enseignants en particulier, avec une première résultante, la poussée des populismes qu’on constatera aux élections européennes après les prémisses italien et hollandais, sans compter les élections présidentielles aux USA opposant deux quasi-octogénaires. N’oublions pas non plus que la moitié des nations du monde auront des élections en 2024.
Et les marchés boursiers dans tout ça ? Ils se sont bien accommodés des ébullitions variées avec en tête la bourse russe en progrès de plus de 45% de progression, tempérée il est vrai par l’effondrement du rouble par rapport aux monnaies occidentales, encore qu’il semble se raffermir depuis l’automne. Le Nasdaq avec une poignée d’actions technologiques suit de peu. Parmi les places européennes, l’Allemagne et la France se hissent d’environ la moitié, le SMI helvétique fermant la marche avec un maigre 5% de gain, maigre sans jeu de mot, car victime du Wegovy de Novo-Nordisk, dont le succès a fait pâlir nos Roche et Novartis, faute d’alternative, et Nestlé dont les ventes de chocolats et friandises caloriques devraient théoriquement pâtir de cette obsession d’une fine silhouette. La part prépondérante des trois valeurs dans le SMI explique la médiocre humeur de ce dernier. En marge, on notera l’avancée de l’or, exprimée en Us dollars de 11% environ et celle du Bitcoin, reine des crypto monnaies de l’ordre de 150%.
Et l’avenir dans tout ça ? Cyniquement, l’incertitude politique, voire financière, s’accompagne souvent d’un envol des marchés d’autant plus que ces derniers recèlent un fantastique magot de trésorerie : 6’000 milliards de dollars, investis à court terme, désespérément à la recherche d’un meilleur rendement. Conclusion : sentiment assez positif pour l’avenir des marchés, mais vive appréhension d’un climat social se dégradant de jour en jour un peu partout dans le monde, surtout dans les milieux urbains, à l’exception de l’Helvétie au calme inaltérable !