La chasse au cash – Décembre 2023

Il y a un peu plus de quatre ans, nous avions consacré une chronique aux diverses manœuvres étatiques tendant à faire disparaitre les opérations en argent liquide, remplacées par l’utilisation progressive des cartes de crédit, le mouvement ayant été amplifié…

Il y a un peu plus de quatre ans, nous avions consacré une chronique aux diverses manœuvres étatiques tendant à faire disparaitre les opérations en argent liquide, remplacées par l’utilisation progressive des cartes de crédit, le mouvement ayant été amplifié par le Covid et les mesures de précaution sanitaires inhérentes à la pandémie.

Depuis lors, le sujet est peu évoqué par les médias, ce qui ne signifie pas qu’il ne soit plus d’actualité, bien au contraire : un mouvement d’une grande amplitude, encouragé en son temps par Bill Gates, ne cesse de gagner discrètement en importance : il s’agit de « Better Than Cash Alliance » ou « Mieux que l’argent liquide », projet ambitieux comprenant déjà 80 gouvernements du monde entier, des entreprises comme Ford, Visa, Citi, ou Coca-Cola ainsi que nombre d’organisations internationales, dont le Forum économique mondial.

À ce propos, il se dit dans les coulisses que le directeur du Forum de Davos, adepte inconditionnel de l’abandon du cash, figurerait parmi les proches conseillers occultes de M. J. Biden ! Depuis quelques semaines, les commentateurs financiers américains semblent effectivement à nouveau préoccupés par la question, d’autant plus que leur histoire financière a compris des épisodes inopinés et douloureux, comme la confiscation de l’or par Franklin Roosevelt en 1933 ou la fin de l’étalon-or promulguée par Richard Nixon en 1971, véritables spoliations ; La dernière entraîna, au fil du temps, une dégringolade de la devise qui baissa de 87%, accompagnée d’une impression pharaonique de monnaie, propulsant l’inflation à des niveaux records et la dette publique à 33 trillions de dollars. Le tout engendra une désaffection grandissante du dollar par de grandes puissances comme la Chine et la Russie qui échangent maintenant en Petroyuan.

Le gel des avoirs russes, après l’attaque de l’Ukraine, eut une conséquence imprévue et gravissime ; beaucoup de nations comprirent brusquement que si un pays de l’importance de la Russie, avec son armée et sa capacité nucléaire, pouvait être mis à ban, qu’en serait-il de moindres partenaires ? Au niveau de nombreux pays, ces interrogations eurent des conséquences, à savoir la diminution leurs réserves en devise américaine et parallèlement le renforcement de leurs achats d’or (1’136 tonnes en 2022).

Dans les coulisses, on évoque la mise à mal d’un accord secret conclu il y a une cinquantaine d’années entre les USA et les producteurs de pétrole ; les Américains acceptaient d’acheter l’or noir à un prix revu fortement à la hausse, à condition que les dollars versés fussent investis en Treasury bills ou bonds, avant d’être aliénés en vue de l’achat de biens américains ; cet équilibre fragile mais constant a bien entendu été remis en question à la suite des revirements précités ; l’entente tacite se trouve donc rompue.

En Australie, on a observé récemment des tendances financières nouvelles : l’asséchement du cash dans les caisses des banques et leur réticence à accepter des retraits de la part de leurs clients ; certains y ont vu un terrain d’essai des Américains.

Et c’est à ce niveau qu’intervient une hypothèse, en apparence farfelue, mais qui trouve sa raison d’être, d’autant plus qu’insidieusement, tous, avec notre absence d’esprit critique et notre recherche de confort, participons déjà au mouvement : la disparition de la monnaie fiduciaire comme évoqué précédemment et son remplacement par une monnaie numérique, combinée à l’utilisation liberticide d’une multitude de nos données personnelles – passeports électroniques, permis de conduire, cartes de crédit, titres de transports, dossiers de santé etc. – que benoitement, par paresse intellectuelle, nous avons laissé échapper à notre contrôle.

Il y a toujours eu cette tentation aux USA d’avoir la haute main sur la monnaie devenue pléthorique, leur échappant totalement, d’où la tentation de la remplacer par un instrument entièrement numérique avec le risque pour le simple péquin de se muer en une sorte de pion, observé, voire téléguidé.

Sommes – nous en pleine fantasmagorie ? Il n’y a pas de fumée sans feu ? Il s’agirait d’une atteinte inacceptable aux libertés individuelles avec comme corollaire une sorte d’amnésie environnementale, à l’instar de l’errance des protagonistes de « Soleil Vert », film d’anticipation d’il y a un demi-siècle.

Le doute subsiste quant à la survenance de cette conversion forcée, mais on ne risque pas grand-chose à se prémunir contre ces désagréments par des mesures simples : conserver un minimum de cash en dollars liquides et favoriser d’autres monnaies, encore qu’il ne faille pas se leurrer, une numérisation du dollar ferait rapidement des émules, dans la Communauté européenne par exemple. Autres échappatoires : revenir à l’or, sous toutes ses formes, en privilégiant les pièces et pourquoi pas, même les mines dont certaines versent des dividendes attractifs. Les événements politiques mondiaux, dérèglant les pendules, y compris les « vertes », ont contribué à réveiller le pétrole, surtout les compagnies nord-américaines ; leur rendement croissant justifie une prise de participation étayée par la remontée des cours de l’or noir. Pour les audacieux, une pincée de Bitcoins pourrait parachever l’esquive !