Or d’usage – Décembre 2022

Nous sommes assaillis d’annonces et d’invitations cherchant à attirer le détenteur d’or sous toutes ses formes - lingots, pièces, montres, chainettes etc. - afin qu’il aliène son « trésor » contre de l’argent comptant, offrant parfois la possibilité d’effectuer la…

Nous sommes assaillis d’annonces et d’invitations cherchant à attirer le détenteur d’or sous toutes ses formes – lingots, pièces, montres, chainettes etc. – afin qu’il aliène son « trésor » contre de l’argent comptant, offrant parfois la possibilité d’effectuer la transaction au domicile du vendeur.

Chronologiquement, la dernière flambée du prix du métal coïncide peu ou prou à la survenance du Covid, au printemps 2020, qui vit le prix de l’once dépasser le prix de 2’050 dollars. Il s’ensuivit depuis une lente érosion vers un peu plus de 1’600 dollars, avant de se reprendre très progressivement, reprise peut être freinée par des ventes russes qui recourent souvent aux chemins de traverse pour écouler insidieusement le métal.

Il n’est pas exclu que cette remontée poussive soit une des résultantes de la tourmente affectant les crypto monnaies. Mais comment expliquer la désaffection fondamentale, d’autant plus que nous nous trouvons dans un climat de guerre, cette fois-ci relativement proche de nos frontières et non plus dans un Extrême-Orient lointain ?

Il semble, qu’à nouveau, nous ayons à faire à un problème de génération. La génération active actuelle, pour schématiser, ceux dont l’âge va de 20 à 70 ans, n’a connu que par ouï-dire, et encore, les spasmes émotionnels éprouvés par ses grands-parents, à des époques où seule la détention de métal précieux permettait de survivre et d’envisager un nouveau départ aléatoire. D’une façon générale, les jeunes sont actuellement peu enclins à thésauriser, s’en remettant ingénument à leur système de prévoyance dont les incertitudes sont pourtant connues dans le contexte actuel de taux d’intérêts quasi symboliques, ou alors se lançant dans les cryptos évoquées précédemment.

Nonobstant l’impopularité du métal jaune, nous avons systématiquement recommandé à notre clientèle de consacrer un pourcentage de leurs avoirs à la « relique barbare », selon la définition de Keynes ou la « forme ultime de payement » évoquée par Alan Greenspan, en privilégiant les monnaies d’or, à faible agio, aisément négociables quelle qu’en soit la valeur, et anonymes, contrairement aux lingots numérotés, accompagnés d’un certificat permettant de remonter la chaine des détenteurs successifs.

Nous reconnaissons qu’il s’agit là d’une approche certes catastrophique, mais notre monde est hélas loin d’’être paisible. D’ailleurs, les gouvernements de la Chine ou de l’Inde, familiers des convulsions sociales et politiques n’ont eu de cesse d’en préconiser la détention. Paradoxalement, si les privés ont plutôt boudé le métal précieux depuis la « découverte » du Covid, il n’en fut pas de même des banques centrales qui ont poursuivi leurs emplettes en pièces et lingots avec l’acquisition de près de 400 tonnes d’or au cours du trimestre seulement, cherchant, selon leurs dires, à se préserver à long terme de l’inflation et du risque politique.

Timidement, les consommateurs urbains en Extrême-Orient contribuent à la reprise de la demande, sous forme de bijoux et de lingots, l’activité économique s’étant normalisée dans ces régions après de longues années de perturbations liées à la pandémie. En outre, l’industrie technologique qui utilise l’or comme conducteur dans certains produits devrait se reprendre progressivement.

L’aventure millénaire se poursuit, illustrant le proverbe latin : « l’or ne vaut que par son emploi ».