Côte de bœuf, Super et cætera – Novembre 2022

Les habitants des territoires jouxtant les frontières n’ont de cesse de s’échanger des mesquineries quant aux prix prévalant d’un côté ou de l’autre des délimitations territoriales. Dans nos régions, des années durant, les journaux ont été encombrés de chroniques...

Les habitants des territoires jouxtant les frontières n’ont de cesse  de s’échanger des mesquineries quant aux prix prévalant d’un côté ou de l’autre des délimitations territoriales. Dans nos régions, des années durant, les journaux ont été encombrés de chroniques ou de courriers vindicatifs de lecteurs concernant le prix de la viande dans l’Hexagone, relativement bon marché pour les Suisses, tandis que leurs voisins français venaient emplir à moindre coût le réservoir de leur voiture à Chêne-Bourg ou à Saint-Julien.

Actuellement, au gré de l’octroi des subsides gouvernementaux promulgués par Paris, l’essence est maintenant plus avantageuse en France, et les Helvètes en profitent, temporairement à leur tour, puisque les grèves dans les raffineries ont créé une pénurie avec son lot d’attentes interminables dans les distributeurs.

Mais, laissons de côté les stations-services et les supermarchés ainsi que les chamailleries de village pour élever le débat en abordant la question de fond, à savoir l’évolution de l’euro, essentiellement par rapport à notre devise. En schématisant grosso modo du début janvier 2020 à aujourd’hui, la monnaie commune a cédé plus de 13% par rapport au franc, ce qui signifie que non seulement le steak est devenu encore meilleur marché pour les Suisses, mais aussi et surtout que nombre d’entreprises européennes cotées en bourse sont devenues virtuellement bradées et singulièrement attrayantes. La glissade  de l’euro en regard du dollar est moindre quoique de près de 10%,  justifiant cependant les files d’attente des Newyorkais devant les devantures des grandes boutiques parisiennes.

Dans le cadre d’une précédente chronique, nous avions évoqué l’asséchement du marché pour les montres de luxe dont Rolex et Patek Philippe, avec des délais d’attente représentant 3, voire 4 ou 5 années. Il en est de même dans la maroquinerie de très haut de gamme, chez Hermès, Prada, LVMH ou Kering pour n’en citer que quelques-unes, sans oublier dans un autre domaine les grandes industrielles, dont Airbus, concurrençant sérieusement Boeing. Dans une gamme moins prestigieuse mais grande pourvoyeuse de devises, on retiendra l’agroalimentaire et la pharmacie européenne.

Les actions de ces entreprises, cotées en Euros sont non seulement avantageuses pour le détenteur de francs suisses, mais représentent un pari gagnant en ce sens que les bilans des sociétés concernées exprimés dans la monnaie commune vont  mathématiquement et positivement répercuter la glissade de cette dernière On l’observe déjà dans les résultats prévisionnels d’Air Liquide ou d’Interparfums. Dans une stratégie à moyen terme, il serait donc avisé d’acquérir progressivement les fleurons des cotes française, allemande, voire hollandaise.

Soit dit en passant : afin d’illustrer ce qui précède, on ne saurait ignorer LVMH. Avec 70 marques de prestige et sa gestion de grande qualité, l’entreprise est en mesure d’absorber sans problèmes les difficultés des temps présents grâce à l’appui d’une nouvelle clientèle d’Extrême-Orient et l’envie de re-consommer de la part du segment traditionnel, le degré de désirabilité ne faisant que croître.