Il y a quelques semaines s’est terminé le sommet de Davos (WEF), sans d’ailleurs qu’on en parle beaucoup, hormis des commentaires et prévisions apocalyptiques de quelques dinosaures, habitués du genre. Les thèmes habituels furent abordés à défaut d’être étudiés véritablement : la pollution et le réchauffement climatique bien sûr, l’inflation (une revenante dans le jeu) et la guerre en Ukraine, qui malheureusement pour les agressés intéressés commence de quitter la une des quotidiens ; le chômage a aussi perdu de son actualité en se rétrécissant. En plus d’un demi-siècle d’existence, le WEF a cependant beaucoup apporté à l’actualité en permettant à des intervenants d’origines diverses de se rencontrer, d’échanger des idées, de créer des sympathies, voire des amitiés, tant dans le domaine du politique que dans celui du privé.
En cinq décennies, le forum a commenté, analysé, disséqué mais n’a rien anticipé d’un monde en plein bouleversement ; et pourtant, nous avons eu affaire à une autre planète. Des entreprises décennales se sont volatilisées : Amazon que nous ne portons pas spécialement dans le cœur, a détruit des pans gigantesques de l’économie ; des dizaines de détaillants de la vieille école ont fait faillite. Les grands magasins, par exemple, ont perdu 18 fois plus d’emplois que les mines de charbon depuis 2001. Airbnb propose plus de chambres que les cinq premiers groupes hôteliers mondiaux ; les millénials d’ailleurs, préfèrent louer un studio, même pour deux trois nuits, plutôt que d’habiter l’hôtel. L’Encyclopedia Britannica, gloire des bibliothèques de nos parents et grands-parents est morte de sa belle mort après 244 années de diffusion, vaincue par Wikipédia. Inutile de le rappeler, Google s’est emparée de l’information en rangeant au placard les bibliothèques ou autres lieux de recherches, pourtant si favorables aux échanges. Partout, y compris chez nous, des dizaines, des centaines de journaux ont disparu (1800 aux Etats-Unis en moins de 20 ans). En sept ans, Uber a démantibulé la vieille industrie du taxi, sans parler des banques qui, mettant au rancart les caissiers, véritables ambassadeurs de l’établissement qu’ils représentaient, ont confié les relations personnelles à des robots ou des écrans plus ou moins humanisés.
Cette année pourtant, à Davos, un thème est revenu avec insistance, sous les coups de boutoir de diverses associations, et c’est tant mieux ; il s’agit du traitement fiscal de ce qu’on appelle communément les « super-riches ». Quelques dizaines d’entre eux possèdent plus de la moitié des richesses de la planète. Il ne nous appartient pas de porter un jugement moral sur cette anomalie, nous gérons une affaire d’investissements, mais plutôt de souligner la dangerosité de cet état de fait, en nous étonnant que les intéressés ne flairent pas le péril en devançant ce dernier par une forte contribution fiscale spontanée. Les gouvernements à cet égard, sont d’une niaiserie invraisemblable. Il ne leur vient pas à l’idée que des contribuables lambda, lassés de passer à la caisse, puissent décréter brusquement une grève d’impôts d’autant plus qu’une telle décision est imparable dès que les récalcitrants atteignent un certain nombre. C’est ce qui se passe au début des révolutions : mâter mille personnes est aisé ; cent-mille est hors de portée.
Osons espérer que cette élite de payeurs potentiels passe à l’action avant l’orage. Le Covid ne les a guère affectés financièrement puisque la fortune des richissimes mondiaux a crû de 15’000 dollars par seconde durant la pandémie ! Un impôt indolore sur la fortune de 2 à 5 % de cette tranche de payeurs, rapporterait 2.5 trillions de dollars (2’500’000’000’000 US$) et pourrait éradiquer la tranche la plus inacceptable de la misère mondiale. Qu’à la suite de déclarations fracassantes, M. Bezos ou M. Musk gagnent en une nuit quelques milliards de dollars n’est pas en soi indécent ; ce qui l’est en revanche, c’est que ces gains faramineux échappent totalement à l’impôt par des montages subtils, dont l’ancien locataire de la Maison Blanche, autre exemple, avait le secret. Espérons que gouvernements et payeurs concernés comprendront rapidement l’incohérence de la situation avant que n’éclate une révolution mondiale sociale meurtrière.
Soit dit en passant : si vous voulez acquérir une Rolex ou une Patek Philippe, les délais d’attente peuvent être de plusieurs années. Se souvenir à cet égard de Watches of Switzerland (£sterl.8.- env.), grand distributeur des deux marques.
*pastiche du Vieux Chalet de l’Abbé Bovet.