Vendredi 13 ? Profitez de la chance ! – Juin 2022

N’en déplaise aux adeptes de la « paraskevidékatriaphobie », le vendredi 13 peut être un signe de chance, en témoigne le nombre de joueurs de loto qui double ce jour-là. En l’occurrence, la date qui nous intéresse est...

N’en déplaise aux adeptes de la « paraskevidékatriaphobie », le vendredi 13 peut être un signe de chance, en témoigne le nombre de joueurs de loto qui double ce jour-là. En l’occurrence, la date qui nous intéresse est vendredi passé (vendredi 13 mai) qui a coïncidé avec un tournant dans le monde des marchés chamboulé par la guerre en Ukraine, l’envol du prix de l’énergie, l’inflation, la remontée des taux d’intérêts et bien entendu la pandémie.

Ce sursaut n’exclue pas de nouvelles sautes d’humeur, mais témoigne d’une capacité réelle de rebond. Il convient à cet égard de ne pas sous-estimer le rôle néfaste des baissiers qui, malheureusement avec la complicité des banques, contribuent à déséquilibrer les marchés. La grande satisfaction réside dans le fait qu’en cas de reprise des cours, les baissiers, affolés, devront racheter, souvent fort cher, leurs positions en catastrophe. Or, on se lasse de tout, surtout d’un verre à moitié vide, et la raison qui surnage commence de le remplir.

Débutons par le Covid ; dans le monde occidental, il est en voie de disparition. Ailleurs en revanche, la situation est différente, à l’instar de la Corée du Nord où le pays paie cruellement l’obscurantisme obstiné des dirigeants.

La guerre en Ukraine, comme tous les conflits, est atroce, mais les envahisseurs sont en train de s’enliser inexorablement; cyniquement, le pays se transforme, à l’image de la Bosnie d’il y a plusieurs années, en un laboratoire où les nouvelles armes sont essayées et testées. Il n’y a qu’un risque, à savoir que l’instigateur mystique se révèle être un mauvais perdant, et lâche une bombe atomique tactique, rompant ainsi l’accord tacite qui existe depuis la fin de la seconde guerre mondiale entre les pays détenteurs de l’arme.

Dans tous les medias on évoque l’inflation en la mettant au compte de l’envol des prix de l’énergie ; c’est faire table rase des dernières années au cours desquelles les gouvernements affolés par une stagnation temporaire de l’économie ont imprimé de la monnaie en veux-tu en voilà sans qu’il y ait parallèlement un accroissement de cette dernière, bref les ingrédients basiques d’un envol des prix ; là aussi, la situation devrait progressivement se lisser en aidant les banques à sortir la tête de l’eau par une augmentation modérée des taux d’intérêt ; d’après les estimations une hausse de 50 points de base des taux à court terme permettrait de faire progresser les revenus 2023 des banques européennes de 2.5% en moyenne et leurs bénéfices de plus de 8,5% sans que la situation de leurs débiteurs ne s’en trouvât exagérément péjorée. La grande faiblesse du Nasdaq qui reflète le comportement des valeurs de la technologie révèle la sensibilité de ses composantes à leur recours massif à l’emprunt.

Il est intéressant à cet égard de jeter un coup d’œil rétrospectif et sans préconception sur les réactions des marchés boursiers en période de crises passées, et c’est une grande leçon d’humilité pour les oracles et les experts de tout poil !

Prenons par exemple les années 1935 et 36 : la guerre civile éclate en Espagne, Hitler rejette le traité de Versailles avant d’occuper la Rhénanie ; résultat : les bourses augmentent de 40%.

1940-41 : la France est sous occupation allemande, la bataille d’Angleterre débute, la Russie est envahie ; après Pearl Harbour, les USA déclarent la guerre au Japon : les marchés se haussent de près de 20%.

En France occupée, de 1940 à fin 1944, l’indice général s’envole de plus de 350% en raison notamment de l’abondance de liquidités inemployées, tous cherchant à protéger l’épargne forcée contre une inflation prévisible.

L’assassinat de JFK Kennedy, s’il a abondamment fait pleurer dans les chaumières, n’a pas ému les marchés plus que ça ; ils montèrent de plus de 15% la même année.

La seule période qui laissa une trace profonde fut dans les années 70. En 1973, l’OPEP, lors de la guerre du Kippour, décréta un embargo sur le pétrole avec comme conséquence une explosion du prix du baril, quintuplant en quelques mois. L’accumulation de trillions dans quelques mains inexpérimentées entraina une vraie panique dans le monde financier. Les relations sociales se tendirent, la classe moyenne, véritable ciment de nos structures se crevassa profondément. On perdit la notion de l’argent avec des rancœurs et des envies nouvelles. Cet immense afflux d’argent n’eut pas les effets escomptés ou redoutés. Cette rupture de barrage se matérialisa par une baisse de 40% de la bourse entre 1973 et 1974, compensée dix ans plus tard à la suite d’un tassement du brut.

Quant au prix actuel et ponctuel de l’énergie on peut quand même se poser la question de la réaction ou plutôt du manque de réactions des producteurs du Moyen-Orient, « amis intimes » des gouvernements occidentaux – de récents déplacements en témoignent-, mais qui n’envisagent même pas d’accroitre leur production à un prix raisonnable pour aider l’économie de  leurs visiteurs assidus. Moins d’embrassades et davantage de compréhension seraient bienvenues!

Les problèmes énergétiques relatifs que nous vivons donneront certainement un coup d’accélérateur au renouvelable. Savons-nous qu’il a quelques jours, la production d’électricité des éoliennes aux USA a dépassé celle des moyens classiques du charbon et du pétrole, sans parler des véhicules hybrides ou tout électriques dont les ventes explosent ? L’hydrogène, maintes fois cité dans ces colonnes, va jouer un rôle croissant et surtout libérer l’Occident des liens commerciaux tyranniques qui le perturbent.

Même l’inflation n’a pas que des effets funestes : si elle pénalise les épargnants classiques, elle allège le poids de la dette publique et privée, et à la longue, dégonfle la pression fiscale tout en remettant un peu d’ordre dans une consommation devenue insatiable et délirante, grâce aux achats en ligne d’articles souvent inutiles. Un coup d’œil rétrospectif sur la garde-robe très réduite d’un bourgeois aisé des années 30 en témoignera ! Quant au chômage, on n’en parle presque plus ; dans les milieux économiques, il a été remplacé par des offres d’emploi qui ne trouvent plus de preneurs.

Quelle leçon tirer de cette accumulation de nouvelles éparses ? Surtout ne pas paniquer, débuter des achats par paliers en ne se laissant pas obnubiler par le poids de la Russie qui ne représente, rappelons-le, qu’à peine de 2% du PIB mondial ; par ailleurs, conserver et accroitre les investissements par exemple dans les grandes valeurs helvétiques, au rendement correct et beaucoup plus résilientes que leurs consœurs étrangères, et ne pas oublier les entreprises aux produits incompressibles comme la pharmacie ou même le luxe, insensible à des fluctuations de prix de quelques pourcents. Ne pas oublier enfin que, si récession il y a, c’est dans notre pays que ses répercussions devraient être les plus faibles. Graver enfin dans sa mémoire que les investisseurs qui ont conservé leurs titres en 2000 ou 2008, années perturbées s’il en est,  sans succomber à la facilité de tout vendre, ont plus que décuplé la valeur de leur portefeuille.