Les vacances estivales se sont achevées. Nombre d’entre nous avons visité les pays méditerranéens, notamment le sud de l’Espagne, de la France, de l’Italie ou de la Grèce. Ceux qui ont eu la possibilité d’apercevoir le paysage au travers d’un hublot ont subi un choc, l’impression de survoler l’Afrique du Nord, avec ses champs jaunis, ses cours d’eau au lit sec, ses collines pelées et ses lacs asséchés.
La question de l’eau, nous l’avions abordée dans une chronique d’il y a plusieurs années, en mettant l’accent sur sa potabilité. Depuis, le problème s’est aggravé ; on ne parle plus de confort, mais de survie, voire de stratégie. La guerre de l’eau se pérennise, elle sera sans merci !
Commençons par quelques chiffres bruts : 10% de la population mondiale n’ont pas accès à l’eau potable et 25% (!) ne disposent pas d’installations sanitaires adéquates. Ces carences attisent les conflits ; en Inde ou en Iran, les paysans et les citadins se battent pour le contrôle de l’eau en période de sécheresse. Dans la guerre d’Ukraine, les attaques contre les infrastructures civiles d’approvisionnement en eau se sont multipliées de part et d’autre. L’Etat islamique s’est emparé des grands barrages sur l’Euphrate et le Tigre et les ont mués en armes contre les populations civiles en assoiffant les villages ou au contraire en les inondant.
Le changement climatique exacerbe la situation étant donné que les fleuves traversent souvent des frontières. Dix pays se partagent les eaux du Nil ; si l’Egypte et le Soudan ont signé une convention, celle-ci n’a pas été adoptée par les pays en amont. L’Ethiopie par exemple, construit un immense barrage qui risque d’engendrer des problèmes pour l’Egypte, faute d’un accord.
Ces distorsions sont d’autant plus pernicieuses que les pouvoirs publics ont besoin d’eau pour les jardins, le lavage des rues ou le fonctionnement des administrations. Dans tous les cas, il s’agit d’eau douce dont la qualité peut varier. Si la population, les écoles ou les hôpitaux ont besoin d’eau saine non contaminée, il n’en est pas de même pour les autres utilisateurs qui se contentent d’eau en provenance directe de la nature et dont l’approvisionnement est beaucoup moins onéreux ; mais disposerons-nous toujours de suffisamment d’eau ? La réponse est affirmative, bien qu’à nuancer en raison d’une évolution de nos sociétés.
Pendant des siècles, les hommes se sont agrégés près des cours d’eau, rivières, fleuves ou lacs ; il suffit de citer quelques villes comme Genève, Londres ou Paris. Les nouveaux bâtisseurs ont oublié cette dépendance historique, avec cette conséquence que l’épuisement des ressources locales en eau douce les a progressivement incités à chercher à des centaines de kilomètres de quoi satisfaire les besoins des citadins, carence exacerbée par le réchauffement de l’atmosphère résultant des émissions de gaz à effet de serre influant sur la pluviométrie.
Εn préambule, nous évoquions les paysages désertiques entourant la Méditerranée. Ils sont souvent la conséquence d’incendies gigantesques, durant des semaines, détruisant la végétation et, par voie de conséquence, la mince couche d’humus rapidement emportée par le ruissèlement vers la mer, annihilant ainsi toute velléité de reboisement. On touche là l’un des nœuds du problème ; les pertes d’eau, ne serait-ce que par les fuites de conduites et réservoirs défectueux, représentent plus de 20% des réserves : en chiffres, pour la France par exemple, 1 milliard de mètres cubes d’eau potable chaque année !
Avant d’évoquer les parades au problème, penchons-nous rapidement sur une panacée, le dessalement. La panacée n’en est guère une de par les exigences de son fonctionnement et ses conséquences au niveau écologique. Sans aborder l’aspect détaillé de la technique, disons simplement qu’il existe deux procédés : la distillation de l’eau de mer et l’osmose consistant à faire passer cette dernière au travers d’une membrane, les deux solutions s’avérant extrêmement énergivores, ce qui explique que seuls de grands producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite, le Koweït ou Oman, soient en mesure d’y recourir, n’ayant cure de l’émission de dioxyde de carbone et du déversement dans la mer de saumure truffée de produits chimiques catastrophiques pour la faune et les fonds marins. En conclusion, le recours à la technique du dessalement ne peut se justifier que dans des situations particulières avec une portée limitée comme des iles ou des agglomérations isolées.
Soit dit en passant : une vieille dame de la bourse, dont l’entreprise d’origine remonte à Louis XVI, qui a connu jadis bien des aventures et des errements dans des domaines qui n’étaient pas les siens, sans parler de ses nombreux changements de raisons sociales, est l’une des rares à pouvoir apporter des solutions au problème de la perte de l’eau : Veolia environnement, cotée à la bourse de Paris. Elle seule est en mesure de rationaliser et colmater, y compris au niveau international, les amenées d’eau et la récupération de celle qui se perd dans la nature et de récupérer, en partie, les 20% qui se dispersent. Précisons qu’elle offre un confortable dividende de plus de 4%, en croissance constante.
Soit dit en suivant : dans quelques jours se dérouleront les élections présidentielles américaines. Quelle qu’en soit l’issue, le pays connaitra des convulsions civiles après une fin de campagne nauséeuse ; si la Démocrate l’emporte, M. Trump, selon son habitude, contestera avec véhémence les résultats et nous concoctera une nouvelle attaque du Capitole à une plus grande échelle. Dans le cas contraire, le Républicain sera progressivement entravé par un Congrès en voie de renouvellement et se débattra comme un « beau diable » iconoclaste, épaulé par son nouveau comparse bondissant, tout aussi stupéfiant. Quoi qu’il en soit, le pays prendra des lustres avant de se guérir de ce clivage profond. Ces sombres prémisses justifient certainement la progression régulière du prix de l’or.