Peu d’élections nationales ont soulevé autant de passions et suscité tant de réactions et de faits divers, où la haine l’a disputé au mépris, que celles qui se sont déroulées il y a quelques semaines en France. On le sait, leur principe avait été décidé par le Président de la République, décontenancé par le résultat de la consultation européenne. Les résultats correspondirent aux attentes des extrêmes, à savoir une forte progression de la droite réactionnaire et de son pendant à gauche de l’échiquier politique, sans que l’avance de l’une ou de l’autre fût suffisante pour parvenir à une majorité. Le second tour témoigna d’un sursaut républicain, toutes tendances confondues, afin de déstabiliser le RN. On parvint ainsi à une situation « à la belge », sans véritable gouvernement, le précédent s’occupant des affaires courantes moyennant quelques ajustements de postes.
Vu l’improbabilité d’un retrait de M. E. Macron, on s’achemine tranquillement vers une cohabitation à l’issue des Jeux olympiques. A noter au passage, que ces derniers ont été une réussite, en dépit des commentaires de potaches concernant tel ou tel tableau de la cérémonie d’inauguration, et ont contribué, en déclenchant souvent l’enthousiasme du public, à apaiser le climat social survolté d’une nation qui présente pourtant un grand nombre d’atouts en termes d’infrastructures, de main-d’œuvre qualifiée, de démographie dynamique ou d’attractivité d’une pléthore de sites bien répartis dans l’Hexagone.
Dès lors, une cohabitation politique serait-elle une catastrophe ? Ce n’est pas du tout certain ; la Vème république a connu trois périodes avec ce type d’attelage, 1986-1988, 1993-1995 et 1997-2002, sans que le bilan fût réellement déplorable. Certes, le rôle du Président est plus effacé bien qu’il continue d’assurer la représentation du pays à l’étranger et décide de l’orientation de la politique extérieure, alors que le premier ministre assure la gestion des affaires intérieures. Si la politique générale est conduite par le gouvernement, le président peut s’y opposer ponctuellement en refusant de signer les ordonnances. Il continue d’être chef des armées avec cette conséquence que les ministres de la Défense et celui des Affaires étrangères sont choisis par consensus entre le Président et le Premier ministre.
En prenant du recul, on s’aperçoit que ces structures, en apparence brinquebalantes, fonctionnent correctement ; la pire échéance qu’on redoutait remonte à 1981 avec l’élection de François Mitterrand ; la France, l’Europe tout entière était aux abois. Effectivement, durant quelques mois, le nouveau Président s’employa à mettre en application les vieilles recettes du socialisme du siècle précédent. Politicien intelligent, il comprit rapidement la vanité de ce retour en arrière, en jouant la carte de son temps.
Rappelons qu’en politique pure, il fut le premier leader occidental à remettre sèchement en cause le déploiement de missiles dans le bloc de l’Est. Dans cet ordre d’idées, il favorisa le développement nucléaire en France en encourageant les investissements, tout en privilégiant la modernisation de la flotte française ; en revanche, il s’aliéna une partie de l’opinion en nationalisant les banques françaises tout en dépoussiérant cependant le Palais Brongniart : finis les Péchiney, Elf Aquitaine et autre Rhône-Poulenc, bienvenue aux Schneider, LVMH, l’Oréal ou Air Liquide.
Tout ça pour dire que la France a un bel avenir devant elle, quels que soient les aménagements politiques, aussi longtemps qu’ils ne sont pas le fait des extrêmes. Si le pays est fréquemment cité pour son endettement, rappelons que ce dernier est moindre que celui du Japon (2 fois et demie plus) ou de l’Italie et surtout des USA. Rappelons qu’en moyenne, la famille française est d’ailleurs la plus fortunée en Europe, certes loin derrière le Luxembourg, qui n’est pas significatif vu son exiguïté, mais loin devant l’Allemagne ou l’Italie.
Conclusion : le marché français, avec ses ténors, demeure toujours parmi nos favoris aux côtés de l’Helvétique.