La banque ? Non merci ! 10.08.2016

Les conclusions du dernier crash-test d’un certain nombre de banques ont été abondamment commentées. Si dans leur généralité, elles étaient plutôt positives, leur accueil fut glacial de la part des marchés où des baisses de 5 à 7% furent légion, même de la part de ténors. En fait, beaucoup estimèrent que les mailles du filet de contrôle étaient trop larges et ne permettaient pas de conclusions absolues, d’autant plus qu’il existe un nombre astronomique d’interférences entre divers établissements.

L’opinion du public face aux banques s’est radicalement modifiée en quelques décennies.

La belle époque où l’on pouvait investir quelques milliers de francs dans une bancaire et s’attendre à recevoir des dividendes croissants et des titres gratuits est enterrée depuis longtemps.

La vigoureuse époque où l’on voyait des directeurs généraux de banque, voire des présidents, monter au front, intervenir avec force dans les débats publics, en tapant du poing sur la table, est terminée.

La confortable époque où le caissier était l’ambassadeur de son Etablissement, en mesure de répondre à de multiples questions est oubliée.

L’époque constructive enfin, où n’importe quel établissement était capable d’affronter un nouveau problème en s’efforçant de trouver une solution originale est aussi révolue.

L’homme de la rue, pas seulement le client, a souvent été outré, voire peiné, en apprenant que tel ou tel établissement se défaisait sans ciller de bâtiments quasi historiques, dont l’adresse seule était déjà une référence comme l’avenue Foch, la Fifth Avenue ou New Bond Street.

Les dirigeants actuels des banques ont rarement fait carrière dans ces dernières ; ce sont des mercenaires venus d’ailleurs, sans état d’âme, dans l’attente d’un golden shake-hand et dont la mission facile est de mettre dehors des collaborateurs qu’ils ne connaissent pas.

Le climat a commencé de se pourrir dans les années 80 ; les bonus qui jusque-là étaient ténus et considérés comme une récompense à bien plaire, sont devenus la part majeure des rétributions et partant, un objectif en soi qui pousse l’intéressé à perdre de son objectivité dans ses décisions. En Suisse un des premiers exemples émerge dans les années 90 ou les gestionnaires de crédit se voyaient fixer des objectifs si déraisonnables qu’ils aboutirent à une crise immobilière sévère.

Le développement de ce que l’on a appelé pudiquement les instruments, originairement de saines opérations de couverture, est devenu totalement incontrôlable. Quand on voit des établissements classiques, voire des banques cantonales, en principe conservatrices, se lancer dans ce type d’opérations à raison de plusieurs dizaines par semaine, à telle enseigne que la relation avec les sous-jacents, c’est-dire les titres qui constituent la base de l’opération, relève du micron, c’est affolant au niveau mondial, la même action servant de base à des milliers d’opérations.

Le climat au sein des établissements s’est pourri et laisse l’impression que l’on à faire à de nouveaux « Torquemada », les Compliance Officers, qui gèrent tout et décident tout, sans support légal, mais en fonction d’une extrapolation hasardeuse.

Pourquoi telle ou telle banque fixe-t-elle des limites aux retraits d’argent liquide ? Pourquoi un Suisse doit-il prouver que son compte est déclaré fiscalement ? Pourquoi met-on dehors en peu de temps un vieux client ? Parce qu’il n’est plus intéressant ?

L’unité de compte est devenue le milliard, le trillion même. Des apprentis-sorciers manipulent des sommes faramineuses avec la bénédiction implicite de leurs supérieurs. Et, tant pis s’il y a de la casse ! On assistera alors à un affrontement judiciaire médiatisé entre un collaborateur éberlué et sa direction hypocrite.

L’homme de la rue a bien compris cette évolution désastreuse ; les cours effondrés en bourse des actions bancaires en témoignent.

Le climat de confiance entre la banque et son client s’est effiloché. Il ne revivra pas. L’écheveau de dispositions contraignantes concoctées par les « Torquemada » aboutira au pire : des zones d’échanges gris et occultes échappant à tout contrôle.