Le pavé dans la « marre » – January 2018

Par petites touches timides et modestes, mais paralysantes, le système financier, notamment européen, est en train de se « soviétiser » à force de règlements, de directives, de recommandations et de contrôles divers :

on dirait qu’on assiste à la revanche posthume des Staline, Khrouchtchev, Ieltsine et autre Brejnev qui ont quitté notre terre depuis bien longtemps, mais dont la philosophie étouffante et rétrograde semble avoir trouvé une nouvelle jeunesse dans un monde soi-disant libéral.

L’ombre menaçante d’un spectre centralisateur s’étend sur le monde des affaires financières, accueilli souvent avec faveur par des dirigeants sans expérience, sans mémoire, voire sans cervelle.

Dans de précédentes chroniques, nous avions évoqué le péril mortel que représente pour notre conception libérale, l’abolition de la monnaie fiduciaire préconisée par des gouvernements centralisateurs et des banquiers à la petite semaine. Et puisqu’on évoque précisément les banques, on ne peut manquer d’évoquer l’écheveau toujours plus dense des réglementations mutantes relatives aux ouvertures de compte, véritable parcours d’un combattant confronté à un ennemi invisible et omniscient : le « compliance officer » dont la toute-puissance rappelle l’obscurantisme de l’Inquisition espagnole. Les banques s’ingénient d’ailleurs à creuser des chausse-trapes, agrémentées de commissions déraisonnables, dans le but plus ou moins avoué de faire faire leur travail par le client ; dans les agences de banques, on voit un nombre croissant de clients, souvent âgés, novices en informatique, penchés, hagards, vers de grandes machines aux écrans indifférents, entourés d’une nuée de touches.

La frénésie de la réglementation concerne également ce que l’on appelle les intermédiaires financiers, plus communément appelés, gestionnaires de fortune indépendants, en oubliant un principe ancestral : « Know Your Customer », qui est à la base de leur métier. Si on ne connaît pas ou si on ne comprend pas, on n’entre pas en matière. Les instances qui sont censées les contrôler, paralysent leur activité en subordonnant cette dernière à des règles plus contraignantes qu’applicables.

A vouloir faire l’ange, on fait la bête. C’est ainsi que l’homme a une imagination infinie, surtout dans des périodes de crises ou exagérément contraignantes. Les crypto monnaies en sont une parfaite illustration. Nous sommes persuadés que cette invention ésotérique est dangereuse et mortifère, car échappant à tout contrôle. Avec une carte de crédit et une adresse email, on ouvre un compte en trois clics, sans document à l’appui, sans contrôle de l’origine des fonds, sans souci de la détermination du bénéficiaire économique, sans examen de la finalité des opérations, sans savoir même quel technicien « miner » exalté est à l’origine de leur création. Tout est possible : des volumes d’affaires entiers vont échapper aux banques. Certains initiateurs honnêtes en ont marre des questions incessantes et répugnent à leur payer des commissions sans commune mesure avec l’effort demandé.

On a évoqué les gérants indépendants ; eux-aussi sont fatigués de devoir remplir une documentation tentaculaire et de subir des contrôles incessants et fort coûteux. Ils délaissent de plus en plus leur métier initial et redeviennent de simples conseillers échappant aux directives professionnelles, rétribués qu’ils sont par des commissions fixes. Leurs clients sont libres de suivre leurs recommandations et, si ces dernières leur conviennent, ils se chargent de donner eux-mêmes leurs instructions à leur banque, cette dernière les exécutant sans état d’âme.

A force de contraintes, on aboutit à une jungle débridée et permissive, où l’imagination est reine et où les escrocs rois vont s’en donner à cœur joie. MIFID ou pas, le réveil sera dramatique !