Le politicien à la vache en bois – February2019

Alors que certains hommes politiques s’extasient devant les ors de la République, que d’autres prétendent vénérer des pères fondateurs aux principes oubliés, que d’autres encore se complaisent devant les ruissellements des cristaux de lustres étincelants pendus à des plafonds cloisonnés,

ou éprouvent encore une profonde nostalgie à l’égard d’un empire perdu, le nouveau président de la Confédération Helvétique Ueli Maurer, élu très brillamment, laisse filmer son bureau de Berne, avec en guise de décoration une humble vache de bois peinte et quelques pommes garnissant un modeste saladier.

Cette contradiction dans la conception du pouvoir et de ses fastes a été soulevée narquoisement par quelques médias étrangers, les mêmes qui avaient fait des gorges chaudes lorsque le peuple suisse avait dû se prononcer sur le sciage ou non des cornes des vaches, de quoi faire rêvasser les canaris furieux qui encombrent les carrefours français pendant les fins de semaine.

On le sait, le nouveau président appartient à l’UDC que le temps a cependant rendu moins sulfureux ; les combats xénophobes ont cédé le pas à une méfiance viscérale à l’égard de la Communauté Européenne alors que cette dernière est maintenant parcourue de convulsions populistes. La mutation remonte à décembre 2007 lorsqu’ au prix d’une alliance contre-nature du camp rose-vert et du PDC, Christophe Blocher avait dû s’incliner devant la grisonne Widmer-Schlumpf ; sans vouloir faire de la politique fiction, on peut légitimement se demander ce qui aurait changé ou plutôt n’aurait pas changé en Suisse si le bouillant zurichois avait gardé son poste. Adepte du Morgenstern plutôt que du fleuret moucheté, M.Blocher aurait tapé violemment du poing sur la table dans les discussions touchant au secret bancaire ou à l’échange d’informations et notre pays n’aurait pas cédé sur tout, ou en tout cas, pas sans sérieuse contrepartie ; son approche n’était pas loin de rappeler celle des ténors des grandes banques d’alors (espèce malheureusement disparue) qui se lançaient dans des démonstrations imparables face à des journalistes subjugués.

Voir notre ministre des finances d’alors, mal coiffée, mal fagotée comme on dit, le regard gêné, franchir timidement les portes des antres dorées de Paris ou de Bruxelles pour y subir en rosissant les bises d’un Fabius ou d’un Junker avait un aspect pitoyable, alors qu’elle aurait dû au contraire avoir conscience de la nation qu’elle représentait : un pays certes petit, mais comprenant une population de formation supérieure, avec une puissance financière et industrielle, y compris dans l’innovation, très au-dessus de la moyenne mondiale, et qui n’avait de leçon à recevoir de personne.

L’épilogue de ces prises de contact, on le sait trop bien, fut désastreux.

Les temps ont passé ; les affronts subis laissent des séquelles qui se dissolvent lentement, mais la puissance évoquée demeure. Non seulement l’économie, en comparaison internationale, se porte sensiblement mieux que la moyenne mondiale, mais les actions qui la matérialisent sont solides et agrémentées de dividendes alléchants : ne serait-ce que simplement dans le SMI, on trouve des titres qui ont crû de plus de 100%, voire souvent davantage, en à peine dix ans : Givaudan, Geberit, Richemont, Sika, SGS, Swiss Life etc. Leurs dirigeants sont à l’image du Président de la Confédération, des gens à la tête solide, raisonnables, conscients de leur valeur sans flagornerie ni porte-serviette et qui ne s’en laissent pas conter.

La quasi-totalité des secteurs d’activités est ainsi représentée ce qui pose parfois des problèmes existentiels aux gérants professionnels. Est-ce vraiment légitime de se tourner vers des marchés extérieurs, avec tous les risques que cela comporte dont ceux de change, alors qu’on a virtuellement tout sous la main ?

Peut-on imaginer un client détenteur d’un compte à New York ou Londres qui souhaiterait y acheter des Nestlé ou des Roche ? Cette réflexion nous parcourt fréquemment, mais le souci du travail bien fait (chez nous aussi !) nous incite à proposer du sur-mesure quelles que soient les contraintes que le choix implique.