Le cabas est de retour – January 2020

L’année 2019 a été placée incontestablement sous le signe du climat, moins au niveau décisionnel (la Cop21 n’a accouché que d’une souris) qu’à la prise de conscience des problèmes, surtout de la part des jeunes,

et ce qui est le plus important, l’évolution concrétisée un peu partout par l’avance des écologistes dans les élections parlementaires ; dans une précédente chronique, nous avions évoqué le problème de l’eau et de sa raréfaction. Abordons brièvement la question de l’un des principaux ennemis de la nature : le plastique. Quelques chiffres en préambule ; le plastique a été inventé dans les années 50 ; son arrivée sur le marché avait été salué avec enthousiasme, car son utilisation raisonnable permettait une avancée certaine dans nombre de domaines, dont ceux de l’hygiène et de la conservation par exemple. Sa production est facile et peu onéreuse. Malheureusement pour l’humanité, la créature devint folle : en 70 ans, on a produit plus d’une tonne de plastique par habitant de la terre ! La principale « mer de plastique » couvre une superficie équivalente à trois fois celle de la France, et s’étend grosso modo d’Hawaï à la Californie, car 60% de la production n’est ni détruite ni réutilisée et se retrouve donc dans la nature, sur terre et dans l’eau. Les principaux pays pollueurs, mais non les seuls, se trouvent en Extrême-Orient (Chine, Philippines, Indonésie et Vietnam) où les moyens de retraitement n’ont pas suivi l’explosion économique. On a rapidement observé que les plus gros générateurs de déchets provenaient des emballages ou de produits parents, ne serait-ce que les pailles dont un milliard est jeté chaque Jour ! La prise de conscience de ces errements (100 millions de tonnes de déchets par an) a eu comme conséquence inéluctable, la recherche des coupables, rapidement identifiés grâce à des collectes ciblées sur les rivages ou dans les décharges à ciel ouvert avec le leitmotiv « Name and shame » : Coca-Cola, Pepsico, Nestlé, Colgate, Danone ou L’Oréal pour n’en citer que quelques-uns. Il est évident que dans le contexte psychologique actuel, surtout au niveau des consommateurs jeunes, cette annonce risquait d’entraîner des répercussions catastrophiques essentiellement sous forme de boycott, d’autant plus que 95% des emballages plastiques sont à usage unique ; les entreprises intéressées ont rapidement flairé le danger et investi de très gros moyens afin de fixer de nouveaux standards industriels. Il ne faut pas cependant se leurrer. Les compagnies produisent et nous, consommateurs, consommons, ce qui revient à dire que toute amélioration passera par une éducation individuelle préalable ; beaucoup de magasins au cours de l’année 2020 ne distribueront plus de sacs en plastique, et c’est tant mieux, d’où le retour en grâce du bon vieux cabas de nos grands-parents, écologique sans le savoir. Prévoir, c’est bien, mais encore faut-il réparer les dommages. Si rien n’est entrepris, d’ici 30 ans, c’est-à-dire demain, il y aura moins de poissons que de plastique dans les océans, sans compter les particules microscopiques dangereuses qu’on trouvera dans la chair des produits de la mer. Des sociétés s’y emploient comme l’américaine Loop Industries qui met l’accent sur le recyclage ou, plus près de nous, en France, Carbios qui produit des enzymes 100% biodégradables. Utilisées sur du plastique usagé, elles rendent ce dernier 100% recyclable. Toutes les grandes sociétés « coupables », à la recherche d’emballages vertueux, ont l’œil sur Carbios et s’associent à la société de moult façons dont celle du géant danois Novozymes qui produira à l’échelle industrielle l’enzyme développée par cette dernière. Pour les années à venir, le secteur mérite l’attention des investisseurs ; l’action Carbios a pratiquement doublé en 2019, et ce n’est probablement pas fini.